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Critique de ElBaathory


Qui dit occultisme, dit ésotérisme et dit alors sorcières. Ainsi, c'est au cours de différentes recherches sur le sujet que je suis tombé sous le podcast plus que décomplexée de C'est pas Sorcières réalisé par Louise et Marion. Grâce au premier hors série de cette émission, dans lequel les créatrices présentaient leurs bibliothèques magiques, j'ai entendu parler de cet essai. N'étant pas un adepte du genre et malgré sa véracité historique contestée, j'ai eu très envie de découvrir la triste et célèbre chasse aux sorcières subie injustement par la population lors de l'immergence de l'église et ses clergés dans notre quotidien.

Malheureusement et même si j'ai apprécié l'élégante et satinée prose de Jules Michelet, il est indéniable que celle-ci semble des plus datée et alambiquée qui soit. Qu'il m'a fallu faire force de concentration et de focalisation pour tenter d'appréhender et de comprendre au mieux l'approche passionnante et parfois lyrique de la réflexion de l'auteur quant à ce douloureux épisode de notre histoire. En ce sens, j'ai été sensible au discours tenu et établi par ce dernier même s'il est vrai que celui-ci manque clairement de nuances. L'auteur intente, à l'image de l'église contre les femmes d'antan, un véritable procès contre la société ecclésiale qui dominait le monde il y a encore peu. Ce parti pris aurait pu se révéler pertinent si celui-ci s'était construit autour de réels et démontrés faits plutôt que sur certaines affabulations. Finalement, et dans son contexte historique, les travaux de recherches sont assez maigres et malgré une seconde partie axée sur certains célèbres procès, le reste de l'essai m'a semblé bien trop lyrique et mystique qu'autre chose. Néanmoins, cette dimension portée sur les croyances d'antan et autres allégories du genre permettent à Jules Michelet de narrer avec allure et distinction une analyse à l'ambiance envoûtante et mystérieuse.

C'est pourquoi et malgré la véracité de l'apport théorique et historique apportée et en prenant en compte la période antérieure esquissée, nul doute que l'historien redore la figure de la sorcière avec style et réussite. Sans en réaliser l'image moderne que nous connaissons tous maintenant – quoi que encore assez injustement diabolisée dans certains pays et autres sociétés sectaires -, ce dernier dévoile un émouvant et vivifiant portrait de ce que sont ces femmes savantes et libres. Plus que la sorcière, Jules Michelet décortique finalement la place et l'évolution de la femme au sein du monde et ce, de l'antiquité à la révolution française. C'est un des aspects qui m'a le plus convaincu même si son dessin se veut parfois fortement axé et influencé selon les moeurs de l'époque il n'en est pas moins salvateur envers cette population opprimée depuis l'ascension de l'église et dont sa critique se veut fortement tranchante. L'auteur n'hésite nullement à dévoiler au grand jour les failles et autres problématiques liées au domaine ecclésial et son sytème et dont, malgré la dimension assez pieuse de la Sorcière, cet aspect m'a semblé des plus saisissant.

Ainsi et si je passe outre les défauts de cette oeuvre, je ne peux nier avoir apprécié cet exercice de lecture. J'ai découvert à travers cet essai, une analyse passionnée et passionnante quant à un épisode marquant de notre histoire. Bien que le discours de Jules Michelet puisse parfois raisonné daté et alambiqué, je n'ai pu être insensible à la rédemption qu'il apporte avec ferveur aux femmes persécutées dans le seul but de mettre en place le système religieux qui gouverne encore certaines visions de notre monde actuel.
Lien : https://mavenlitterae.wordpr..
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