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Critique de DragonLyre


Annie Micheloud-Rey est infirmière à domicile, elle a choisi de travailler en soins palliatifs. Elle soutient et soulage autant que possible les victimes du cancer ayant demandé à mourir chez eux plutôt qu'à l'hôpital. Un travail noble, demandant une grande force humaine, mentale et physique.

J'ai été surprise par la forme de ce témoignage. Je m'attendais à des récits, peut-être des dialogues reflétant des échanges soignant-soigné, pas à un exercice de style à mi-chemin entre la prose et la poésie. Une quarantaine de textes d'une ou deux pages se succèdent ainsi, chacun évoquant un patient. L'auteur nous apprend que parmi ces pages se sont glissés des patients qui, envers et contre tout, ont vaincu la maladie. On ne peut pas vraiment parler de poésie car les vers sont inégaux et les textes n'ont pas de structure réelle en dehors de réguliers sauts à la ligne. Pourtant, il se dégage le même genre d'atmosphère où on lutte contre l'horreur avec des métaphores, des répétitions de mots, d'idées. Un langage imagé, parfois mystérieux, toujours captivant qui nous dépeint en quelques lignes la personnalité du malade, son vécu, son entourage, sa fin de vie.

Avec respect et humilité, Annie Micheloud-Rey nous emmène à la rencontre de ceux qu'elle a accompagnés, elle dépeint toute la myriade d'émotions qui les assaillent : l'espoir, l'attente, la colère, la résignation, la peur, le soulagement,… Un sentiment étrange mêlant à la fois le trop et le trop peu. Il est assez difficile de décrire ce que l'on ressent à la lecture. On sait que chaque texte, peu importent sa mélodie et ses couleurs, correspond à une personne qui a bel et bien existé et qui a vécu l'enfer. C'est bien évidemment émouvant et éprouvant… mais cette forme lyrique permet de garder une distance, entre le patient et l'infirmière d'abord, entre l'infirmière et le lecteur ensuite. Pas le genre de distance évoquant l'indifférence ou le manque de compassion, mais plutôt de celle qui permet de ne pas tomber dans le voyeurisme. de continuer à exercer ce métier / poursuivre la lecture malgré les gens qui nous quittent trop tôt. de nombreuses questions restent en suspens mais le livre capte l'attention, l'essence de la vie. Il nous présente tout un panel de valeurs humaines qui font notre richesse et notre diversité. Comme si au final, chaque texte pouvait s'apparenter à un polaroid, une photographie prise à un instant T, un cliché que l'on prend sans trop y penser, parce que l'on sent au plus profond de soi qu'il se passe quelque chose, que c'est maintenant ou jamais, que cet instant va nous échapper si on ne le couche pas sur le papier.

Le sujet abordé reste très difficile et si la structure atypique n'a rien à voir avec les textes de Marie de Hennezel sur ce même sujet (par exemple), j'ai vite dépassé cela pour découvrir une femme au grand coeur qui donne tout ce qu'elle a pour accompagner au mieux ses patients malgré l'impossible qui les tenaille, une femme qui reçoit beaucoup en retour et qui partage à présent une fraction de son parcours avec nous.
Lien : https://dragonlyre.wordpress..
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