Marie de Hennezel vous présente son ouvrage "L'aventure de vieillir" aux éditions R. Laffont Versilio. Entretien avec
Christophe Lucet.
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Comme je lui demande ce qu'elle [Sœur Emmanuelle] aimerait dire à tous ceux qui entrent dans le troisième âge et qui ont peur de vieillir, elle conclut d'une voix qui me frappe par sa fermeté et sa douceur :
- N'ayez pas peur ! La vieillesse, c'est comme un couronnement. J'arrive à la cime de ma vie et je regarde le monde et les autres avec une infinie tendresse. Je les ressens dans mon cœur. Cette contemplation tendre me procure une immense joie. Pour moi, c'est comme du champagne ! La joie fuse dans mon cœur !
Vous pouvez, vous aussi, donner autour de vous cette joie. On devient vieux le jour où l'on ne croit plus en l'homme et en la valeur de chacun, quel qu'il soit. Faites vôtre cette parole d'un poète musulman que j'aime tant : "Fends le cœur de l'homme et tu y trouveras un soleil !"
Mais pour cela, il faut un peu s'oublier soi-même, s'intéresser aux autres !
Il faudrait que les personnes âgées prennent conscience que c'est leur mission d'aimer. Quel que soit l'état dans lequel on vieillit, on peut regarder, sourire, tendre la main, bénir. Et cela transfigure la vie.
La révolution narcissique, c'est celle que Woody Allen définit ainsi : "Je ne me regarde plus jamais dans la glace, car c'est désespérant, je regarde à l'intérieur de moi parce qu'à l'intérieur je suis jeune". C'est aussi valable pour les femmes (....) je me fiche pas mal de voir mon corps vieillir, me dit une amie de mon âge, je me sens bien à l'intérieur. Cette femme là cherche d'abord à être bien avec elle-même, à se faire du bien. Elle a compris que les changements de son corps n'ont rien à voir avec la force de son désir. Elle estime plus important d'être radieuse que ridée.
L'être humain
ne se réduit pas
à ce que nous voyons
ou croyons voir.
Il est toujours infiniment
plus grand, plus profond
que nos jugements étroits
ne peuvent le dire.
Il n'a, enfin, jamais dit
son dernier mot,
toujours en devenir,
en puissance de s'accomplir,
capable de se transformer
à travers les crises
et les épreuves de sa vie.

Le philosophe Robert Misrahi, comme nous le verrons plus loin, estime qu'il faudrait éduquer les personnes âgées. C'est dire à quel point il croit à la capacité d'apprendre jusqu'au bout de sa vie. Olivier de Ladoucette est du même avis. Prenons par exemple la capacité de regarder le bon côté des choses. On sait maintenant que l'optimisme prolonge la vie. Une étude américaine, conduite pendant vingt-trois années auprès de six cents personnes, a montré que celles qui avaient une attitude positive au début de l'étude ont vécu en moyenne sept ans de plus que les autres. Tout se passe comme si le corps avait besoin de signaux d'espoir pour récupérer, s'adapter et rester en forme. Olivier de Ladoucette pense que "l'optimisme peut s'apprendre, y compris tard". On peut apprendre à être positif, à regarder la vie du bon côté à soixante ans même quand on a pas acquis cette aptitude dès l'enfance. On peut apprendre à remettre en question ses pensées négatives, on peut apprendre à faire confiance à l'existence. Bien sûr, cela suppose de le vouloir et de chercher de l'aide.
Il existe toutes sortes de méthodes pour développer une pensée positive et changer ses comportements. On connait la méthode Coué, la visualisation positive, les techniques de l'hypnose, les techniques de programmation neurolinguistiques, dites PNL. En psychologie comportementale des protocoles d'entraînement à l'optimisme ont fait leurs preuves et des thérapies qui développent la "sécurité de base" des personnes leur permettent progressivement de s'appuyer sur leurs ressources internes (c'est, notamment le cas de l'haptonomie)
Mais toutes ces stratégies, toutes ces clés pour une vieillesse réussie ne sont efficaces que si l'on accepte de vieillir, donc de se transformer
Les médecins ne sont partisans de la vérité. Ils se contentent d'informer les familles qui se voient par là même condamnées au secret. Les infirmières aussi subissent la même condamnation. Quel inconfort de devoir soigner des mala des qui vous lancent des regards anxieux et interrogateurs, et voius demandent pourquoi celà ne va pas mieux! Coincées entre l'angoisse des malades et la lâcheté des médecins, elles n'ont pas les moyens d'accompager leurs patients et rentrent souvent chez elles avec le sentiment de ne pas avoir été humainement à la hauteur de la situation.
La pire solitude pour un mourrant est de ne pas pouvoir annoncer à ses proches qu'il va mourir.
Montrer le vieillesse, c'est montrer des personnes âgées qui sont habitées d'expériences et d'émotions. Il y a toute une profondeur de vie sur leur visage. On y lit leur vie affective, leur solitude, leur fatigue, mais aussi leur sérénité, leurs élans, leurs désirs. Car les désirs sont toujours là. Simplement, ils se sont transformés. La tendresse a pris le relais de la séduction.
Mais on peut aussi vieillir avec intelligence, accepter ce que l'on ne peut pas changer, et se tourner vers tout ce qui reste à découvrir.
L'être humain ne se réduit pas à ce que nous voyons ou croyons voir. Il est toujours infiniment plus grand, plus profond, que nos jugements étroits ne peuvent le dire. Il n'a enfin, jamais dit son dernier mot, toujours en devenir, en puissance de s'accomplir, capable de se transformer à travers les crises et les épreuves de sa vie.
Je ne peux conformer ma vie à un modèle, ni ne pourrai jamais constituer un modèle pour qui se ce soit, mais il est tout à fait certain en revanche que je dirigerai ma vie selon ce que je suis, advienne que pourra.... Je ne défend aucun principe, mais quelque chose de bien plus merveilleux-quelque chose qui est en nous, qui brûle du feu de la vie, qui exulte et cherche à s'échapper (Lou Andréas Salomé, lettre à Gillot) Cette citation, je la gardais vivante en moi. Elle était mon axe, ma force, ma liberté.(p15))