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Critique de beatriceferon


De retour d'un voyage aux États Unis, Le Dalaï-lama patiente dans les embouteillages de New Delhi. Soudain, son regard est attiré par l'étrange trafic auquel se livrent deux enfants. Après avoir négocié la vente de quelques chatons, ceux-ci s'apprêtent à en jeter un qui n'a pas trouvé preneur. Sa Sainteté sauve, in extremis, une chatonne malingre qui, élevée dans le monastère du Jokhang devient vite une magnifique Himalayenne. de son poste d'observation sur l'appui de la fenêtre, elle assiste aux audiences privées et mûrit le projet d'écrire ses mémoires. Elle livre ainsi des anecdotes de sa vie de bouddhiste félin, auxquelles elle mêle des leçons de sagesse dont elle a bénéficié.
J'adore les chats. le bouddhisme ne me laisse pas indifférente. Et, justement, lors d'une opération Masse Critique sur Babelio, je repère l'ouvrage de David Michie. Par chance, quelques jours plus tard, il tombe dans ma boîte aux lettres. Je m'y plonge immédiatement.
Chogyan et Tenzin, les adjoints du Dalaï-lama, nomment leur protégée CDSS, « Chat de Sa Sainteté ».
Son histoire n'est, bien évidemment qu'un prétexte pour faire découvrir, de façon simple et sans pédanterie, les grandes lignes de cette philosophie à la mode.
J'ai reçu un format poche dont la couverture me déçoit. La « belle édition » offre la photo d'un véritable Himalayen, de la race de notre héroïne. le poche, malheureusement, a choisi un petit chat gris, très mignon, certes, mais qui ne correspond en rien au portrait de CDSS. Pourquoi ce changement ? Mystère.
Je découvre, au fil des pages, des entretiens que Le Dalaï-lama accorde à des personnalités connues. Elles ne sont jamais nommées, mais CDSS donne au lecteur des indices qui lui permettront de deviner leur identité. Hélas, à moi, ils ne disent rien. Cela m'énerve. Par exemple : « J'ai reconnu le visiteur au moment où il fit son entrée dans le bureau de Sa Sainteté. Il était, après tout, l'un des gourous du développement personnel les plus réputés dans le monde, et ce, depuis longtemps. Son visage apparaissait sur les couvertures de millions de livres et de DVD. Il avait fait la tournée des capitales du monde et il s'était adressé à des foules gigantesques dans les plus grands stades de la planète. Il avait ses adeptes parmi le gratin d'Hollywood, il avait rencontré des présidents américains et il faisait régulièrement des apparitions dans les émissions de variétés les plus regardées. »
La traduction de Martin Coursol n'est pas très bonne, ce qui ne manque pas de me perturber. Je passerai sur les nombreuses fautes d'orthographe (ainsi, bien que CDSS soit une chatte, les participes passés qui la décrivent sont, le plus souvent, accordés au masculin). Mais les tournures fautives, telles « Mme Trinci et le Café Franc ont reçu instruction de me servir que des demi-portions », voire carrément incompréhensibles, comme « N'est-il pas vrai que, de temps en temps, vous éprouvez un souci excessif quant à la façon dont vous vos vêtements aux autres ? » me dérangent et m'arrêtent dans ma lecture.
Certains passages m'ont causé de gros problèmes et j'ai éprouvé beaucoup de mal à les lire. Ils concernent la cruauté humaine envers les animaux qui, de plus en plus, me révolte, me bouleverse, me désespère. Ainsi, au début du livre, des enfants laissent tomber la petite chatte sur le pavé, puis, l'emballement tout simplement dans une feuille de journal, dans l'intention de la jeter comme un détritus. Je ne peux pas prendre de recul car cette situation se produit trop souvent dans la réalité.
Le pire, pour moi, est le moment où Franc, qui déteste les chats, s'apprête à projeter l'intruse loin de son café. J'en avais les larmes aux yeux, une boule dans la gorge. Y repenser me cause encore toujours un malaise, d'autant plus fort que la situation est vécue de l'intérieur : « La plupart des chats sont capables d'encaisser les chutes sans le moindre mal. Mais je n'étais pas comme la plupart des chats. Mes jambes de derrière étaient déjà faibles et instables. Un impact supplémentaire pourrait leur causer un tort irréparable. Serais-je encore capable de marcher ? »
Je n'ai donc pas du tout aimé le personnage de Franc, vaniteux, vantard, brutal, profiteur. Oui, par la suite, il accueille la chatte comme une reine, lui offre de friands morceaux, lui aménage un coin avec coussin en forme de lotus. Mais ce n'est nullement par gentillesse. CDSS n'est pour lui qu'une réclame vivante, susceptible d'attirer la clientèle. Il s'enorgueillira, devant chaque visiteur, de s'occuper du chat du Dalaï-lama, tout comme il est intarissable sur l'histoire de ses innombrables bénédictions ou porte un signe « Om » en diamant à l'oreille. Je ne l'aime pas, même après qu'il a fait son mea culpa, même après les efforts qu'il fournit pour s'amender.
En revanche, le livre nous offre, pour contrebalancer, toute une galerie de figures sympathiques et attachantes, comme Tenzin et Chogyal, ou, ma préférée, Mme Trinci, la cuisinière, qui offre à sa petite protégée, des mets plus délicats les uns que les autres et la serre sur son coeur avec une réelle affection.
J'aimais beaucoup le fait que la chatte se voie gratifiée de plusieurs noms (ce que chaque amoureux des félins ne manque pas de faire avec son animal, mais aussi, comme le racontait Philippe Ragueneau dans un de ses romans, parce que nos petits fauves visitent différentes personnes, qui, toutes, leur donnent des noms différents.) Bien entendu, mon favori est celui qu'utilise Sa Sainteté en personne : « petite lionne des neiges ».
Si je n'ai pas appris grand chose de nouveau à propos du bouddhisme, j'ai malgré tout vraiment apprécié de découvrir des leçons faciles et aisément applicables dans la vie de tous les jours par tout un chacun. Ce livre me rappelait « Le voyage d'Hector ou la recherche du bonheur » de François Lelord que j'avais beaucoup aimé.
Celui qui se dévalorise sans cesse apprend à acquérir de la confiance, celui qui se vante devient plus modeste, un couple donne un bel exemple en sachant profiter de l'instant présent. Quand ils dégustent leur café, ils le font en silence et en prêtant attention à leur breuvage, au lieu de se laisser distraire par l'environnement (c'est déjà ce que nous disait Montaigne au XVIe siècle!).
Enfin, pour ma part, je devrais appliquer ce précepte : « lorsque quelqu'un est fâché, le premier à souffrir, c'est lui. Une personne fâchée n'a l'esprit ni heureux, ni paisible. » « Nous devons également penser à l'impact que nous avons sur les autres. Quand nous disons des choses blessantes que nous ne pensons pas vraiment, nous pouvons créer des blessures profondes qui ne peuvent être guéries. » Avec mon fichu caractère, cela me ferait du bien d'y songer. Hélas, j'ai bien l'impression d'être irrécupérable. Je devrais apprendre par coeur ces pensées et me les réciter continuellement à la façon d'un mantra !
Cet ouvrage m'a donc beaucoup plu et je le conseillerais à tous ceux qui aiment les chats et veulent découvrir de jolies leçons de vie à méditer, sans devoir se prendre la tête avec des termes techniques pédants et incompréhensibles.
Je remercie une fois encore Babelio et son Opération Masse Critique, ainsi, bien sûr, que les éditions Leduc.S qui ont eu la gentillesse de me l'offrir.
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