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Critique de JeanLouisBOIS


Suivez le guide.
Dans Les Onze, Pierre Michon nous dévoile ses talents d'historien d'art et de guide. En effet, le narrateur nous fait découvrir (ou redécouvrir ?) un tableau du musée du Louvre en nous en donnant une description précise et détaillée (dimension, composition, personnages, …) mais aussi en nous racontant les circonstances exactes et même les anecdotes de sa commande au trop méconnu François-Élie Corentin. On y découvre que l'art y joue un rôle secondaire et que l'enjeu de cette peinture dépasse largement le talent indiscutable du « Tiepolo de la Terreur ». Michelet y verra d'ailleurs « L Histoire en marche » dans cette « cène révolutionnaire ».
Mais alors, Pierre Michon n'est-il qu'un historien d'un épisode négligeable de la Terreur ? Bien sûr que non ! Il est pleinement un romancier malicieux et en pleine possession de ses maléfices faisant travailler l'imaginaire de ses lecteurs. Il maîtrise son roman du début à la fin dans une langue somptueuse et ciselée. Il réalise même un véritable numéro d'équilibriste en restant sur la crête instable qui sépare une réalité vraisemblable d'une fiction effrénée. le pari du livre repose en grande partie sur ce double aspect : une réalité réinventée fusionnée avec une fiction omniprésente. L'auteur en profite pour nous dire, presque en contrebande, que l'art n'est jamais gratuit, qu'il est le centre d'enjeux de basse politique, ce qui remet souvent en cause la sincérité (voire l'innocence ?) de l'artiste. Mais évidemment tout cela se passait il y a bien longtemps, à l'époque de la Terreur et il serait bien vain de vouloir généraliser …
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