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Critique de Nastasia-B


Avec cette pièce, Thomas Middleton écrit une sorte de Liaisons Dangereuses, 170 ans avant les Liaisons Dangereuses. le propos et le projet littéraire sont en tous points comparables : on y trouve en Livia le pendant de la machiavélique marquise de Merteuil, mais aussi l'oie blanche dévergondée ou la prude dévoyée à son insu.

Je ne sais pas si Choderlos de Laclos connaissait cette pièce, en tous les cas, les ressemblances sont troublantes. Et même si Middleton fait son possible pour transporter son intrigue hors les murs de Londres, en terre italienne, tout, absolument tout respire une certaine dérive libertine sévissant à l'époque parmi les grands d'Angleterre. D'où aussi, la fameuse poussée du puritanisme au cours de ce XVIIème siècle ; lequel puritanisme aura la peau du théâtre élisabéthain.

Léantio est un jeune florentin qui est allé quérir Bianca, loin, jusqu'à Venise pour l'épouser en justes noces. Bianca — c'est-à-dire Blanche, l'immaculée — est belle comme pas une à Florence et, tandis que son mari bat la campagne en qualité de courtier, le Duc de Florence défile dans les rues de sa vile... euh pardon, de sa ville et aperçoit Bianca à son balcon... Je vous laisse imaginer le fond de sa pensée.

Dans le même temps, Isabella, la ravissante fille d'un haut dignitaire florentin éprouve une attirance adultérine pour son oncle Hippolito, qui lui est carrément raide dingue de sa nièce. (Le thème des relations adultérines sera le coeur de la pièce de John Ford : Dommage Qu'Elle Soit Une Putain qui paraîtra une douzaine d'années plus tard.)

Et c'est là qu'intervient la magnifique entremetteuse, la marquise de Merteuil avant l'heure, Livia, qui n'est autre que la propre soeur d'Hippolito, elle aussi tante d'Isabella qui va tout faire pour rendre possible tant la liaison coupable d'Hippolito et d'Isabella que celle, tout aussi coupable du Duc de Florence avec Bianca. du grand art madame ! (Ne reculant, vous vous en doutez, devant aucune vilenie si nécessaire.)

Je vous laisse imaginer le sac de noeuds que cela pourra donner lorsque tous les pots aux roses seront découverts, et même encore certains autres, ainsi que tout ce qui peut se tramer dans la tête d'une femme qui s'est sentie outragée ou chez qui les ferments de l'ambition commencent à germer... Et que dire des hommes ? Je vous laisse le découvrir si le coeur vous en dit.

En somme, une bonne pièce, solide, peut-être pas captivante, mais d'un très bon niveau, tout à fait dans la moyenne et dans l'esprit du théâtre élisabéthain, qui n'hésitait pas à aborder des sujets qui fâchent, notamment ici, les moeurs dissolues des élites. Ceci dit, femmes, ce n'est là que l'avis d'une femme, et vous savez que vous devez vous en méfier...
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