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Critique de Pasoa


Pasoa
01 septembre 2023
Je découvre tardivement et avec une agréable surprise la poésie d'Aksinia Mihaylova, poétesse se et traductrice d'origine bulgare, grâce à son recueil Ciel à perdre, ouvrage publié et récompensé en 2014 du Prix Apollinaire.

Entre évanescence et réalisme, entre pensée intime et gestes du quotidien, l'auteure décrit l'autre dans la relation, le temps émerveillé devenu trop incertain d'une vie partagée avec un homme, une vie parvenue au seuil des regrets et de la séparation.

« Permets-moi d'ouvrir la porte,
Cette vie n'est pas à ma mesure »

Dans ce portrait de femme tout en sensibilité et en justesse, l'amertume et la douleur se font murmures, puisent dans les nuances des sons et des couleurs, dans les gestes simples et précis pour entretenir le jardin et l'intérieur de la maison isolée. Ils sont comme un temps qui s'égrène dans le temps immuable. Les pensées vont et viennent, souvenirs charnels où « au commencement n'était pas le verbe mais la joie des corps », paroles restées comme des promesses envolées. La réalité de l'un de l'autre ne sait plus être celle de l'autre.

Souvenirs de voyages, de chambres d'hôtels, de villes traversées, et plus près, échange de gestes et de paroles de plus en plus rares… survivre, c'est se placer de l'autre côté des choses. La poésie des mots et la douleur, sans disparaître, s'atténue.

« Quand je suis prise de doutes -
Quoi que tu écrives,
tu n'exprimeras point le sens,
car au commencement n'était pas le verbe
mais la joie des corps.

Ensuite est venue la saison de la douce faim.

L'horizon a blanchi et les oiseaux ont attaqué les blés.
Les petits fauves des mots que nous nous lancions
mordaient, de plus en plus acharnés,
notre avenir commun et j'ai compris
que seuls mes sens articulaient
toutes les nuances du bleu
dont ton langage est imprégné.
C'est alors que je t'ai perdu
à la fin d'un poème.

À présent, le silence dans le coeur,
je regarde le ventre lisse de la lune d'août
frémir dans la tasse en porcelaine,
mais tu ne peux pénétrer dans ce paysage
car au-dessus des épaules
tu es un véritable hiver.

Aussi je reste dans ma réalité :
je te rends les mots
je garde ma joie. »

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