AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782070145089
112 pages
Gallimard (04/06/2014)
3.71/5   14 notes
Résumé :
Les poèmes d'amour sont des entreprises à risques. Beaucoup s'y essayent et s'y cassent les reins. Ceux de ce recueil, directement écrits en français par un poète bulgare, connu dans son pays et femme de surcroît, ont une puissance d'expression et une sensibilité qui évitent tous les pièges de ce genre de textes : pathos, sentimentalisme, mièvrerie. Par un jeu d'images inattendues, l'auteur renouvelle, avec beaucoup de pudeur dans l'émotion, le thème de l'amour. On ... >Voir plus
Que lire après Ciel à perdreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
S'il est une 5ième saison, c'est bien celle de l'amour. L'amour est toutes les saisons. Ce moment entre jour et nuit, à la brune de la vie.

Le recueil de la poétesse bulgare Aksinia Mihaylova écrit directement en langue française est un chef d'oeuvre d'impressions poétiques sur l'amour et ses déconvenues.

Un amour changeant selon les latitudes du corps et des pensées, amour fauve passionné ou amour anémié par le besoin de liberté et de solitude.

Les poèmes forment une missive ardente à l'homme aimé. L'usage de "Tu" et "Toi" au miroir inversé de "Je" et "Moi" impregne les mots d'une intense substance sensuelle et onirique.

Pour évoquer le visage aimé, la poésie se love dans les gestes quotidiens, le paysage et la nature, la pluie, les voyages, les bruits de la ville.
le corps exécute alors que les pensées s'envolent ;

"Moi, je remue la marmelade de prunes sur le poêle
avec la longue cuillère en bois de ma grand-mère,
je regarde le jardin, toujours le même à la fin de septembre,
je regarde la vie, toujours plus grande que nous
et je comprends qu'elle n'a pas de synonyme".

Le ton est résolument moderne teinté d'un brin d'insolence et d'insoumission à part égale dans les distances parallèles de l'homme et de la femme ;

"Non, je n'ai jamais vu un arbre triste
mais je ne veux plus refléter le monde
comme un miroir ébréché,
découper les solitudes des après-midi de dimanche
en suivant la lumière qui saute de jardin en jardin,
racommoder les bouts de mer inaccessibles
que tu m'envoies et je suis hors saison."

Lire ce texte d'une grande beauté sensorielle est comme s'éblouir des couleurs d'un arc-en-ciel les jours de pluie d'une fin d'été.
Commenter  J’apprécie          250
Je découvre tardivement et avec une agréable surprise la poésie d'Aksinia Mihaylova, poétesse se et traductrice d'origine bulgare, grâce à son recueil Ciel à perdre, ouvrage publié et récompensé en 2014 du Prix Apollinaire.

Entre évanescence et réalisme, entre pensée intime et gestes du quotidien, l'auteure décrit l'autre dans la relation, le temps émerveillé devenu trop incertain d'une vie partagée avec un homme, une vie parvenue au seuil des regrets et de la séparation.

« Permets-moi d'ouvrir la porte,
Cette vie n'est pas à ma mesure »

Dans ce portrait de femme tout en sensibilité et en justesse, l'amertume et la douleur se font murmures, puisent dans les nuances des sons et des couleurs, dans les gestes simples et précis pour entretenir le jardin et l'intérieur de la maison isolée. Ils sont comme un temps qui s'égrène dans le temps immuable. Les pensées vont et viennent, souvenirs charnels où « au commencement n'était pas le verbe mais la joie des corps », paroles restées comme des promesses envolées. La réalité de l'un de l'autre ne sait plus être celle de l'autre.

Souvenirs de voyages, de chambres d'hôtels, de villes traversées, et plus près, échange de gestes et de paroles de plus en plus rares… survivre, c'est se placer de l'autre côté des choses. La poésie des mots et la douleur, sans disparaître, s'atténue.

« Quand je suis prise de doutes -
Quoi que tu écrives,
tu n'exprimeras point le sens,
car au commencement n'était pas le verbe
mais la joie des corps.

Ensuite est venue la saison de la douce faim.

L'horizon a blanchi et les oiseaux ont attaqué les blés.
Les petits fauves des mots que nous nous lancions
mordaient, de plus en plus acharnés,
notre avenir commun et j'ai compris
que seuls mes sens articulaient
toutes les nuances du bleu
dont ton langage est imprégné.
C'est alors que je t'ai perdu
à la fin d'un poème.

À présent, le silence dans le coeur,
je regarde le ventre lisse de la lune d'août
frémir dans la tasse en porcelaine,
mais tu ne peux pénétrer dans ce paysage
car au-dessus des épaules
tu es un véritable hiver.

Aussi je reste dans ma réalité :
je te rends les mots
je garde ma joie. »

.
Commenter  J’apprécie          210
Un receuil de poèmes ou l'auteur nous entraine dans les méandres de l'amour, ses espoirs, ses déconvenues, ses joies et tristesse. Un très agréable moment de lecture, avec de belles images, comme cette cinquième saison qu'est l'amour...belle image un très bon livre...
Commenter  J’apprécie          100
Prix Apollinaire 2014.


Traductrice de Georges Bataille, Jean Genet, Sylvie Germain… en bulgare, Aksinia Mihaylova publie ici son premier recueil écrit directement en français.

Elle nous donne à lire cinquante-neuf longs poèmes d'une grande modernité, dans lesquels se mêlent réflexion, rêverie et quotidien pour évoquer, avec pudeur et émotion, cette « cinquième saison » qu'est l'amour.

Une poésie à la fois intime et pudique dont la puissance emporte le lecteur.
Commenter  J’apprécie          80
Le poème d'amour présent, passé, attendu, jaloux, serein, quotidien, rêvé est un art difficile pour qui veut éviter le mièvre et la guimauve ou encore l'indécence. Aksinia Mihaylova y réussit assez bien, et dans "Ciel à perdre", parmi les images souvent un peu répétitives (à ne pas lire d'affilée donc), on trouve quelques pépites poétiques parfois légèrement teintées d'humour.
Commenter  J’apprécie          70

Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
QUAND JE SUIS PRISE DE DOUTES

Quoi que tu écrives, tu n’exprimeras point le sens,
car au commencement n’était pas le verbe
mais la joie des corps.

Ensuite est venue la saison de la douce faim.

L’horizon a blanchi et les oiseaux ont attaqué les blés.
Les petits fauves des mots que nous nous lancions
mordaient, de plus en plus acharnés,
notre avenir commun et j’ai compris
que seuls mes sens articulaient
toutes les nuances du bleu
dont ton langage est imprégné.
C’est alors que je t’ai perdu
à la fin d’un poème.

À présent, le silence dans le coeur,
je regarde le ventre lisse de la lune d’août
frémir dans la tasse en porcelaine,
mais tu ne peux pénétrer dans ce paysage
car au-dessus des épaules
tu es un véritable hiver.

Aussi je reste dans ma réalité:
je te rends les mots
je garder ma joie.
Commenter  J’apprécie          00
SANS TOI
Après avoir ramassé les pommes de terre
rangé les tomates dans les cageots
et libéré les bras fragiles du pommier,
j'allume une cigarette et je m'assois
à côté de la plate-bande de basilic.
Mes narines larges ouvertes
je regarde longtemps les bougies blanches
et odorantes du basilic en fleur
et je coule lentement au fond du bourdonnement
des abeilles, en léchant le goût du miel --
pas encore mûr -- collé sur mes lèvres.
Le soleil se couche dans le noyer,
un lézard traverse en courant la muraille
et ma peau respire, libérée de toi,
à la lisière de cet après-midi de fin août,
à la lisière d'un poème où
tu n'es pas.

Commenter  J’apprécie          220
Couche-toi à côté de moi
avant que l'aube ne vide sa gorge,
sois mon aile gauche.

Si je m'envole avec toi
je serai un oiseau anonyme
dans les lisières de ton ciel impitoyable.
Regarde nos corps, ils communiquent
puisqu'ils gardent leur liberté et la chaleur
de quelques coups d'ailes d'antan.

C'est ainsi que nous traînons sur les trottoir
de ce continent, chacun dans sa volée,
picorant des grains que le hasard nous jette
trébuchant à l'ouest, se donnant à l'est
et ce n'est qu'une fois par an
que nous devenons un oiseau immortel.
Commenter  J’apprécie          130
Chaque fois quand tu me dis
que demain n'existe pas
un vent masculin se précipte vers moi
gonfle ma robe et m'emporte
sur les hautes terrasses d'un septembre
où je peux longuement regarder ton ombre
m'approchant de tous les côtés.
Commenter  J’apprécie          300
Impossible d'écrire les mots qui rendaient heureuse:
"ta peau est si douce, j'ai peur
de te blesser en te touchant",
impossible le changement
parce que jour après jour les mots
tuent la passion.
Maintenant c'est la solitude
qu'on échange en se la passant entre nous
telle la balle de notre fille, pas encore née.
Commenter  J’apprécie          120

Videos de Aksinia Mihaylova (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Aksinia Mihaylova
Aksinia Mihaylova - Avant le mistral
Photos: Maya Lyubenova Réalisation: Yavor Petrunyashev Musique: Bach - Marcello Adagio .... Concerto in D minor
autres livres classés : littérature bulgareVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (27) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1226 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..