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Critique de elodiekretz


Un peu de flottement pour poster cette chronique car j'ignorais que Redemption factory était d'abord sorti sous le titre Rouge est le sang. J'ai mis un petit moment à m'y retrouver...

J'ai découvert Sam Millar il y a un peu moins d'un an, avec les chiens de Belfast. Faute de retrouver Karl Kane, car je ne parviens pas à mettre la main sur le deuxième opus de la série et me refuse à lire le troisième directement, j'ai donc emprunté ce one shot. Et que j'ai bien fait ! Nous sommes toujours à Belfast. le prologue donne à ce roman son ton très noir : accusé - à tort pressent-on - d'avoir trahi l'Ira en dénonçant ses camarades, un militant est torturé et exécuté. Nous ignorons son nom comme nous ignorons celui de son bourreau, qui doute très vite de la culpabilité de celui qu'il a exécuté...

20 ans après, Paul Goodman - au nom pas si prédestiné que cela - est orphelin de père. Cynique et désabusé, il n'a plus aucune illusion et se traîne dans la vie sans passion, si ce n'est son addiction au snooker - dont il est un excellent joueur - et son amitié profonde pour le - bien nommé ? - Lucky. Motivé par un besoin d'argent plus qu'impérieux, il décide de se faire embaucher coûte que coûte dans un abattoir, lieu terrifiant dirigé par un patron encore plus terrifiant, le flippant Shank. le chapitre qui raconte "l'examen de recrutement" de Paul est terrible, parmi les plus durs et les plus visuels qu'il m'ait été donné de lire.

Ce chapitre donne le ton. Paul réussit le test et s'impose peu à peu au sein de cette zone de non-droit qu'est l'abattoir, où si toute humanité, en tout cas toute compassion, est proscrite, les sentiments peuvent éclore, d'une manière inattendue. Grâce à l'argent gagné, Paul espère s'équiper et percer au snooker.

Le roman noir est l'un de mes genres de prédilection. Et Sam Millar le maîtrise à la perfection, il sait conjuguer noirceur et littérature, comme très peu d'auteurs... C'est sa marque de fabrique. Redemption factory est très dur, glauque souvent même, et très beau, en même temps, de la première à la dernière page. Porté par l'écriture magistrale de Sam Millar et la traduction de l'immense Patrick Raynal lui même - l'ancien patron de la mythique série noire quand même. Les personnages sont impitoyables ou torturés, parfois les deux, à l'instar de Paul. Ils sont inoubliables : Shank renvoie pas mal de méchants rencontrés dans mes lectures précédentes dans leur chambre tant ils paraissent petits joueurs en comparaison de lui.

Ce livre est viscéralement physique, d'un souffle qui emporte tout sur son passage et à 1000% immersif. Je n'ai jamais fait de boxe mais j'ai m'impression d'être sonnée par une série d'uppercuts à l'estomac ! Si Rouge est le sang, noir est la littérature de Sam Millar pour notre plus grande frayeur et notre plus profond bonheur.
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