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Critique de Presence


Frank Miller et Daredevil, c'est une belle histoire d'amour qui a duré de 1979 à 1983 pour la série mensuelle, avec un retour en 1985 avec David Mazzuchelli (Renaissance) et un retour en 1993 avec John Romita junior (JRjr) pour la présente histoire.

Matt Murdock est un enfant qui est élevé par son père (parent unique) qui attend de lui qu'il réussisse dans les études. Jack Murdock est un boxeur sur qui plus personne ne veut parier et qui a été récupéré par la pègre pour récupérer des prêts monétaires auprès de débiteurs peu solvables. Pour augmenter leurs revenus, ces criminels relancent sa carrière sur le ring en arrangeant les combats et en lui de demandant de se coucher pour le dernier. de son coté Matt a fait ce qu'il fallait pour se lancer dans des études de droits, mais il est devenu aveugle suite à une aspersion accidentelle d'un produit chimique expérimental.

Je pense que les éditeurs de Marvel ont dû harceler Frank Miller jusqu'à ce qu'il dise oui pour écrire cette histoire. Il faut dire que Miller a une relation très affective avec ce personnage qu'il est facile de comparer à celle qu'il entretient avec Batman. Pour Batman, il a écrit Batman année 1 ; pour Daredevil il semblait logique qu'il en fasse autant. Néanmoins "Man wihtout fear" n'est pas la première année de Matt Murdock en temps que superhéros, mais plus son origine. le récit passe par tous les moments qui vont transformer ce jeune garçon en un héros. Tout y est : l'origine de la matraque (billyclub) de Daredevil, la mère absente, la mystérieuse bonne soeur, l'accident qui lui ôte la vue, la première rencontre avec Stick, l'entraînement clandestin dans la salle de gym, le meurtre du père, la première rencontre avec Foggy, la première rencontre avec Elektra, le premier emploi, le premier affrontement contre les troupes de Wilson Fisk.

La deuxième différence évidente avec "Year one" est que Miller ne se contente pas de retracer l'origine de Daredevil dans une forme modernisée, il insère aussi tous les éléments qu'il a introduits entre 1980 et 1983. "Man without fear" constitue l'établissement d'une continuité fortement rétroactive par rapport à l'histoire originelle de Stan Lee et Bill Everett en 1964. La troisième différence est que Miller n'a pas réussi (ou n'a pas pris le temps) à trouver une structure narrative efficace. Il se contente de dérouler les séquences les unes après les autres, sans établir de cadre qui leur donne un sens. Foggy Nelson ne joue pas le rôle de James Gordon dans "Year one". le lien qui unit Matt à New York (et au quartier d'Hell's Kitchen en particulier) apparaît clairement sans pour autant bénéficier d'une mystique identique à celle qui unit Bruce Wayne et Gotham.

Pour les illustrations, les éditeurs de Marvel ont été réquisitionner une valeur sûre de chez Marvel : JRjr. Heureusement ils l'ont à nouveau associé à un encreur vétéran et doué : Al Williamson. Ils avaient déjà travaillé ensemble sur la série de Daredevil, avec des scénarios d'Ann Nocenti (par exemple Lone stranger, en anglais). Je n'aime pas les dessins de JRjr, mais ici il a fait un véritable effort pour s'appliquer. Il a beaucoup travaillé pour donner une ambiance urbaine à chaque scène, en particulier personnalisant toutes les tenues vestimentaires (on reconnaît bien le début des années 1990). Il a également soigné la décoration intérieure de chaque pièce. Ses personnages sont facilement reconnaissables et leur gestuelle est inventive et crédible.

Par contre, la mise en page est très lourdaude, et très peu énergique. Dans certaines pages, on voit bien qu'il tente de s'inspirer des mises en pages de Miller, mais sans succès. Et même pour les scènes de combat, il va piocher dans les postures popularisées par Miller pour essayer de retrouver sa magie, sans grand succès. Al Williamson encre les dessins de JRjr en apportant beaucoup de précision et de finesse. Dans la mesure où JRjr a vraiment passé beaucoup de temps sur chaque détail, Williamson peu abandonner ses tics de remplissage (des traits fins parallèles légèrement tremblés) pour se concentrer sur un encrage donnant une lisibilité maximale aux dessins.

Cette histoire est agréable à lire, mais elle est très en deçà du niveau de qualité habituel des scénarios de Frank Miller. Par contre, JRjr est largement au dessus de la qualité habituelle de la sa production et il dispose d'un excellent encreur. Pour être honnête, j'ai préféré "Daredevil jaune" de Jeph Loeb et Tim Sale (une réécriture des origines de Daredevil plus fidèle à l'originale) que ce retour superficiel et lucratif de Frank Miller sur ce personnage.
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