AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Dionysos89


Après le Spider-Man de Joe Michael Straczynski, Panini Comics s'attaque à la réédition du run de Frank Miller sur Daredevil dans une collection Marvel Icons qui rappelle évidemment les DC Signatures de chez Urban Comics !

Quand Marvel confie à Frank Miller les rênes de Daredevil, en 1979-1980, il n'est qu'un dessinateur en devenir. le personnage casse-cou, quant à lui, a déjà un certain bagage et est assez engoncé dans son rôle de protecteur du quartier de Hell's Kitchen, à New York ; quelques incursions croisées avec Spider-Man et d'autres héros urbains lui évitent alors une trop grande routine. Face à cela, Frank Miller construit son récit autour de quatre grands ennemis qu'il ressuscite, qu'il ramène sur le devant de la scène new-yorkaise, voire qu'il instille dans la mythologie du personnage. Ainsi, tour à tour mais aussi souvent conjointement, le Caïd (the Kingpin), Bullseye, Elektra et l'Homme Pourpre vont venir mettre des bâtons dans les roues de Daredevil. À leurs côtés, notons deux personnages fascinants par la régularité de leurs apparitions en des moments cruciaux pour le super-héros aveugle : Stick, le mentor de Matt Murdock qui l'a initié aux arts martiaux et au contrôle de soi ; Turc, un malfrat de base, sans talent mais toujours dans les mauvais coups et qui assiste à quantité de scènes marquantes qui intéresse Daredevil (ce personnage de bas étage n'est pas sans rappeler les petites frappes introduites par l'auteur dans sa série Sin City pour faire le lien entre plusieurs histoires courtes). Enfin, il s'agit également d'utiliser quelques autres personnages de Marvel (Punisher, Iron Fist, Spider-Man, Power Man/Luke Cage, etc.), histoire de ne pas le laisser seul dans New York, ce qui semblerait bizarre tant la majorité des personnages Marvel y vivent...

Frank Miller compose ici un Daredevil épuisant pour ses adversaires, car il est toujours aux aguets, mais également constamment épuisé, tant il ne dort jamais, alternant sans discontinuer les phases d'investigation, les combats à outrance et sa vie quotidienne, évidemment, en tant que Matt Murdock (qu'il qualifie d'ailleurs d'« identité secrète »). Avec lui, nous sentons largement comment, quelques années plus tard, l'auteur en vient à écrire The Dark Knight returns et Batman : Année Un : un héros sombre qui se débat dans un climat de constante insécurité, qui vit plus la nuit que le jour... même les clochards vus comme des zombies dangereux peuvent révéler une marque de fabrique très particulière. Cette déconstruction méthodique du personnage prend forcément du temps en nombre d'épisodes, toutefois tout cela est bien divisible en plusieurs arcs en fonction du danger encouru. D'ailleurs, Panini compense légèrement, par un petit sommaire clair, l'enchaînement des épisodes sans aucune séparation marquant un nouveau numéro dans l'édition originale. Attention tout de même, la première édition de ce volume en version française répète encore une même page au détriment d'une autre. Cela ne doit pas nous empêcher de savourer cette nécessaire réédition d'un matériau fondateur pour les comics de la fin du XXe siècle et du début du XXIe.

Si nous assistons ici à la déconstruction totale du personnage de Daredevil par Frank Miller dans ce premier volume, le second de ce diptyque le verra le redéfinir à sa façon, de manière sombre, intense et s'érigeant irrémédiablement en modèle pour les scénaristes et dessinateurs suivants.

Commenter  J’apprécie          252



Ont apprécié cette critique (24)voir plus




{* *}