AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de meeva


Ce livre d'Alice Miller reprend les thèmes abordés dans « L'enfant sous terreur » et dans « C'est pour ton bien ».


Les enfants qui subissent de mauvais traitements refoulent leur colère et leur souffrance, pour « sauvegarder l'innocence de leurs parents ».

Pour cela ils s'appuient sur des « théories-boucliers », portées par la société, présentant l'enfant comme méchant, « un être mauvais qu'il faut éduquer au bien ».

Ce mensonge, couvert par la pédagogie et la société, est à la source des déviances qui se développent à l'âge adulte et de la reproduction des mauvais traitements sur les enfants de la génération suivante.

Pour sortir de ce schéma, il faut un « témoin éclairé », qui permet de dire et de vivre les souffrances supportées dans l'enfance, afin de ne pas se venger (inconsciemment) de cette souffrance sur d'autres personnes.


Cet ouvrage m'a semblé assez clair et accessible.
Je ne crois pas qu'il apporte beaucoup plus que les précédents du point de vue des idées, cependant, c'est expliqué de manière forcément un peu différente et je n'en regrette pas la lecture car, à force d'explications, je commence à comprendre, et le sujet m'intéresse.


Alice Miller va loin dans ses théories, elle parle souvent de torture au sein des familles. D'où l'impression que peu de gens, peu de familles sont concernés par ces « usages ».
Mais il faut bien constater que le bénéfice du doute profite plus souvent aux parents qu'aux enfants dans ce genre de cas.

Je pense à la « grande affaire » de pédophilie qui avait tourné court pour devenir « l'affaire du juge »…
Un ou deux ans après, une des familles initialement accusée puis blanchie avait été accusée de mauvais traitement sur leurs enfants. Ces gens avaient expliqué que rester agenouillé des heures sur le manche d'un balai faisait partie de l'éducation qu'ils donnaient à leurs enfants…

Je pense à quelques adolescents que je fréquente, enfin retirés de leurs familles, me demandant combien d'autres vivent leur souffrance silencieusement.


Je pense à N. qui reste dans sa famille, parce qu'il ne « subit pas de violence et qu'il y a de l'amour dans sa famille ».
N. aura une piètre image de l'amour, lui qui a eu des poux puis la gale, qui a raté des mois de scolarité mettant bout à bout toutes ses absences, deux mois l'année dernière quand sa mère refusait d'ouvrir sa porte à l'assistante sociale et que, celle-ci ne pouvant pas voir N., commençait à craindre pour sa santé.
N. aujourd'hui est revenu au collège, il mange seul à la cantine, se réfugie au CDI à ses moments perdu, et quittera notre beau collège les poches vides diplôme.
Et on ira encore lui reprocher de ne pas avoir été méritant en fournissant les efforts qui lui auraient permis de sortir de sa situation sociale de merde…


Nous aurions du mérite, nous-mêmes, davantage épargnés, à avoir un regard plus attentif, des sentiments bienveillants et des idées plus fraternelles envers ces enfants ou ces jeunes dépassés à l'aube mauvaise de leur vie.



Pour l'ambiance :

« A 15 ans du matin
J'ai pris par un drôle de chemin
Des épines plein les bras
J'me suis troué la peau mille fois
A 18 ans du matin
J'étais dans un sale pétrin
Jouant du poing d'la chignole
D'la cambriole, du vol de bagnole

Ça fait du temps maintenant
Inexorablement passe le temps qui tue les enfants
[…] »

(extrait de « 15 ans du matin », dans l'album « La marmaille nue » de Mano Solo :
https://www.youtube.com/watch?v=33¤££¤20WcpmI9¤££¤&index=4&list=RDS_nP0M7oTCw )
Commenter  J’apprécie          151



Ont apprécié cette critique (13)voir plus




{* *}