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Critique de Bibliozonard


Le Mage prodigue

Cela fait 17 ans que le mur est tombé. Morg vaincu. Asher gouverne. Les Doranens sont interdits de magie. Après l'échec d'une première expédition, toute nouvelle tentative d'aller au-delà de la montagne est interdite. Une tension se révèle, l'atmosphère, la terre émettent une douleur. Usher et sa femme Dathnée refoule la magie depuis toutes ces années. Ils s'opposent à ce que leur fils Rafel, en fasse usage. Pourtant, le petiot en ressent un besoin viscéral. Il possède comme son père, la magie des deux clans. Usher sait par expérience que le don de son fils est trop puissant pour le laisser jouer avec. Rafel s'entraîne en cachette. Il Vit une relation tendue avec ses parents. Pourquoi son père, son héros, ne veut pas lui enseigner la magie ? Et sa petite soeur, Dennie, a le don de ressentir les sentiments des gens et de la nature qui l'entoure. Pourquoi ne peuvent-ils pas en parler avec leurs parents ?

La première partie est longue. Pendant environ 200 pages axée dramatique. La relation amoureuse solide entre deux époux, la relation père fils mère soeur est le principal abondamment décrit. Des parents hyper protecteurs à l'égard de leurs enfants. Motivé par les blessures, les secrets du passé, la peur, la méfiance devant l'équilibre fragile qui règne dans le royaume.
La profondeur psychologique des personnages et des interactions que cela engendre entre eux, prend une place écrasante sur le décor et l'intrigue pour un regard neuf dans l'univers de l'auteure (en même temps celui qui aura lu les autres tomes connaîtra déjà la description du paysage).

La deuxième partie est beaucoup plus dynamique.
Nous voilà propulsés 10 ans plus tard. L'action émerge. Les enfants ont ou sont proches de la vingtaine. Ils s'impliquent. le rejet de la magie cède devant l'acceptation inévitable d'une situation qui ne laisse guère d'autres perspectives pour sauver à nouveau le royaume. Un passage tout feu, tout flamme. Les ingrédients utilisés pour créer une lecture rapide et divertissante sont efficaces.

La troisième partie reste dans l'action avec une légère accalmie avant de reprendre la route pour aller de l'autre côté de la montagne. Une fin qui titille la curiosité et augmente le désir de poursuivre l'aventure.
Le royaume de Lur sera-t-il finalement sauvé ? La réponse se trouvera-t-elle dans ces montagnes ?

Comme dans « le roi lion », le film Walt Disney ou « le seigneur des anneaux » de JRR Tolkien, c'est dans ou de l'autre côté de la montagne qu'il y a une réponse. Même si ce sont des endroits à éviter paradoxalement. Tout un symbole. Faut-il braver l'interdit pour trouver sa voie, son salut ?

L'auteur à une capacité de conter une histoire incontestable, avec une douce imagination, très magique. C'est l'atout de l'oeuvre qui permet d'aborder pour la première fois et d'apprécier la fantasy. Ce qui est impressionnant c'est la capacité de Karen Maitland d'étaler l'aventure sur plusieurs volumes.

C'est fabuleux. On peut comprendre ce qui attire l'attention dans ce style. C'est le talent de conteur, peu importe si l'histoire en elle-même est peu complexe, ou incomplète selon l'exigence des lecteurs. le genre d'histoire qui peut répondre aux attentes de l'adolescence. L'évocation de l'amour et ses premières sensations, le conflit, la contradiction avec les parents, le mensonge nécessaire pour protéger un enfant, le désir de ressembler ou non à son père ou sa mère, s'émanciper, faire ses preuves, recherche d'indépendance, d'être utile à quelque chose, sauver le monde, partir à l'aventure. C'est complet.

Un autre thème évoqué et qui se maintient dans la majorité des oeuvres du genre, c'est la culture de la différence. Comme celle entre riche pauvre, homme femme, bon mauvais, sage excentrique. L'insistance sur les préjugés entre Olkens et Doranens est très proche de la tension qui existe entre Américains occidentaux et asiatiques orientaux, les flamands et les wallons, les palestiniens et israéliens, la Corse et la France, la disparition de la Tchécoslovaquie partagée entre la Tchéquie et la Slovaquie.

Une approche fantasy pour enseigner qu'il est préférable, et pour l'instant encore utopique, de tous tendre vers un même objectif, le bien-être sans préférence de races ou de religions. Manger, boire, dormir et s'épanouir, quel que soit le statut social. On en revient au respect de l'autre et à l'égalité de manière générale.

Le public cible est « young adulte », les jeunes adultes, les ados en gros. La décontraction, exorciser la réalité à travers de la magie devrait être imposé à tout adulte trop sérieux et responsable. Histoire de voyager un petit coup.

Soit, ce livre est agréable à lire et loin d'être uniquement pour les boutonneux ou les adultes qui n'ont pas envie de grandir. Pour tous donc.

À propos de la construction de cette belle histoire très sentimentale et magique. L'un ne semblant pas fonctionner sans l'autre...
Personnellement, j'attends une suite un peu moins sentimentaliste, avec plus de magie et d'intrigue. C'est dommage que la peinture de la cartographie du royaume, du paysage soit sommaire. Peut-être que le but était que chacun imagine son décor ? Ou alors était-ce une sous-estimation de la capacité du public visé d'apprécier ou d'assimiler les descriptions de décoration intérieure et extérieure ? En attendant, s'eut été préférable d'en rajouter…

Une affaire à suivre.
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