AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Dionysos89


John Hartigan est le troisième personnage principal de l'univers de Sin City. Dans Cet enfant de salaud, lui, le flic pré-retraité qui lutte contre la corruption et les abus sexuels, affronte en deux temps le fils du puissant Roark.

Frank Miller poursuit son heptalogie de légende avec Cet enfant de salaud, construit comme un diptyque de pure violence physique, morale et psychologique. Un flic bourru en quasi retraite, une jeune fille en danger mais rempli d'une force intérieure, un psychopathe pédophile et fils à papa notamment passionné de meurtre comme de viol : le casting est très simple, mais l'histoire déjà légèrement plus complexe. Frank Miller nous propose de but en blanc la plongée dans l'esprit de plus en plus torturé de John Hartigan. Et c'est sa psychologie, en même temps que l'intérêt du lecteur pour sa position, qui s'approfondit du même coup. Hartigan parle encore et encore, radote même, sans jamais pour autant lasser ou endormir notre intérêt.
Les allergiques au noir et blanc et essais graphiques plutôt particuliers ne seront toujours pas attirés par la palette de Frank Miller. Ombres portées en pagaille, rares décors en lumière, construction de scènes uniquement sur l'utilisation de quelques aplats blancs : le graphisme est à la fois épuré et couillu. L'auteur poursuit son petit bonhomme de chemin dans ce style sale et percutant. Dans ce tome-ci, il renforce d'autant plus cette sensation à la lecture par l'utilisation traumatisante d'un jaune sale (et poilu !) au milieu du « noir et blanc glauque » habituel : l'auteur veut choquer et rendre ce « Yellow Bastard » vraiment écoeurant. Honnêtement, ça marche, car les dessins des boursouflures et fêlures physiques du personnage valent le détour, en complète opposition à la beauté froide et discrète de Nancy Callahan.
Frank Miller approfondit tout de même le monde de Sin City en plaçant Roark à la tête de tous les corrompus de la ville et en réutilisant à bon escient la taverne Kadie's Bar où se croisent toujours autant de personnages pittoresques. C'est également l'occasion pour l'auteur d'approfondir sa vision de la classe politique américaine : si dans les tomes précédents, il parlait plus largement des flics véreux, des hommes politiques corrompus et des assassins faisant leur métier en toute quiétude, il se concentre ici sur la définition de la politique en elle-même. le pouvoir en quête ultime, le mensonge en boîte à outils et la magouille comme credo quotidien : rien n'est joyeux de toute façon à Basin City.

Ce quatrième tome de Sin City est une des histoires les plus connues, popularisée évidemment par l'interprétation du moins imposant mais plus renfrogné Bruce Willis en John Hartigan (et peut-être aussi celle de Jessica Alba en Nancy Callahan, plus souriante mais plus candide aussi). Puissant et crade à la fois, Cet enfant de salaud porte bien son nom.

Commenter  J’apprécie          350



Ont apprécié cette critique (35)voir plus




{* *}