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Critique de meeva


Livre tellement intéressant que Jules a dû m'écouter régulièrement lui raconter ce que je venais de lire !

Giles Milton, historien anglais, s'appuie sur de nombreux témoignages. La cinquantaine de pages qui citent les références atteste de la richesse de celles-ci. Ces témoignages sont manuscrits ou dactylographiés, sous forme d'enregistrements audio ou de de transcriptions d'interviews, ainsi que de mémoires non publiés, de journaux intimes et de lettres.
Quelques extraits sont cités entre guillemets, mais ils sont insérés dans le récit de manière tout à fait naturelle et subtile, sans en alourdir le style.

Le débarquement est donc raconté ici dans l'ordre chronologique, selon le point de vue allié, mais aussi selon le point de vue allemand, un peu.
Le livre présente d'abord des cartes de la côte normande avec les lieux qui nous intéresseront en ce fameux jour, tout à fait bienvenues pour s'y retrouver un peu géographiquement.

Nous commençons le récit un peu avant le jour le plus long, par l'opération Tarbrush, le 17 mai 1944, qui visait à photographier de nouvelles mines sur les plages normandes. L'opération capote, Lane et Wooldridge qui appartiennent aux commandos parachutistes sont arrêtés et emmenés à La Roche-Guyon. Ce village de bord de Seine abrite un château, qui a la particularité d'avoir un donjon troglodyte. Il appartenait au duc De La Rochefoucauld et a servi de quartier général au maréchal Rommel en 1944. Je recommande d'ailleurs la visite de ce lieu et des alentours, le château est en effet un peu surnaturel et il y a de très belles promenades dans le coin, qui offrent un point de vue sur la vallée de la Seine magnifique. Bien plus agréable en temps de paix, pas la peine d'en avoir connu d'autres pour le deviner…
Nous nous attardons encore un peu dans cette première partie sur les transmissions radio à Fort Southwick le 3 juin et sur Guillaume Mercader, un cycliste résistant qui a participé aux sabotages qui étaient nécessaires pour accompagner le débarquement.
Nous sommes donc à deux jours du vrai jour, car il y a eu un départ de bateaux à ce moment-là. Faux départ. Il a fallu faire demi-tour, à cause du temps, gros temps, pour éviter un naufrage. Mais c'était reculer pour mieux sauter, et pas seulement en parachute.
Nous voici donc, dans la nuit du 5 au 6 juin, embarqués pour un naufrage. Un naufrage, dis-je, alors que vous pensiez que c'était une réussite ? J'y reviendrai…

Peu avant minuit, donc, c'est en planeurs que les premiers embarquent. Nous faisons connaissance avec Denis Edwards, John Howard et Wally Parr. Traîné par l'avion remorqueur, le planeur fait d'abord un grand bond en avant au moment où le câble de remorquage se tend. Puis il se soulève, retombe, se soulève à nouveau pour rester en l'air cette fois. Edwards se dit déjà « T'es foutu, mon vieux […]. Plus la peine de t'inquiéter. » Au bout d'une heure de vol, ils sont pris dans une tempête de tirs de la DCA, puis le planeur se détache du remorqueur. Edwards était assourdi par « le hurlement strident du vent qui sifflait à travers les fentes et les espaces de la toile légère tendue sur la structure en bois. » L'atterrissage est très violent, ils touchent terre à peine conscients. Les pilotes des autres planeurs sont éjectés lors de l'atterrissage. le commando se bat pour le pont De Bénouville et les premières victimes des combats tombent. Lorsque les chars s'approchent, Wally Parr s'aperçoit que leur lance- grenades antichar a été tordu lors de l'atterrissage de leur planeur. Heureusement, ce n'est pas le cas de celui d'un autre planeur qui fonctionne et permet de repousser l'ennemi.

Je ne détaillerai pas toute la suite, bien sûr, mais chaque chapitre, précédé d'une photographie, nous raconte un « épisode », s'attache à une unité, tout en gardant un ordre chronologique global et en s'inscrivant dans des parties plus larges qui regroupent à peu près une partie de la journée (« minuit », « la nuit », « l'aube », « un pied dans la place »…)
Après les planeurs, nous suivons les premiers parachutistes, le célèbre dont la toile s'est accrochée sur le clocher de l'église de Sainte-mère l'église, mais aussi celui qui, aspiré par un feu, s'embrase et brûle, et tous ceux qui ont atterri dans des champs inondés et qui sont morts noyés, incapables de se dégager de l'aspiration du champ détrempé à cause de leur matériel extrêmement lourd.
Les premiers qui débarquent des péniches ? Pas mieux. Les chars amphibies qui devaient arriver à peu près en même temps qu'eux sont beaucoup plus lents à se déplacer dans l'eau que prévu et ils ne sont pas prêts quand il faudrait prêter main forte aux soldats sur les plages. La première vague d'hommes à débarquer est appelée la vague suicide et c'est un surnom tout à fait prédictif. Sur des centaines d'hommes, quelques-uns seulement survivent. Les autres s'écroulent dans l'eau ou sur les plages dans un carnage ahurissant : des cris, du sang et des horreurs.
Certains passages sont gores, mais c'est une réalité sur laquelle on ne veut plus faire l'impasse, à raison à mon avis.

Bien entendu, les choses s'améliorent un peu après, vous n'êtes pas sans ignorer que nous avons vaincu l'ennemi. Les gradés ont débarqués après la vague de massacres et si tout est rentré dans l'ordre, c'est quand même beaucoup une question de hasards et de mauvais choix faits par les allemands, parce que leur aviation avait été mobilisée pour une autre raison, parce que les deux divisions que Rommel souhaitait avoir en renfort était conservées ailleurs, pour contrer un éventuel autre débarquement sur les plages du nord. Les allemands ont pris trop de temps à se rendre compte que c'était bien là la grande invasion et à se rendre compte de l'ampleur de cette invasion. Et tant mieux finalement.
Parce que du côté allié, tout n'a pas marché comme prévu, loin s'en faut, et après la lecture, on se dit que la victoire a tenu au gigantisme du débarquement, comme quoi l'union fait la force comme on le dit.
Et puis ça a tenu à quelques hommes aussi, des héros on les appelle, mais en réalité des dingues, que je ne qualifierais pas du tout de doux, des couillus complètement barges, prêts à tout et qui n'avaient peur de rien. Il y avait aussi des hommes plus ordinaires, beaucoup, mais il fallait quand même des têtes brûlées pour certaines missions, comme la prise de la pointe du hoc, épisode que je vous laisserai découvrir… Je ne vous ai pas non plus parlé de Bill Millin le joueur de Cornemuse et lord Lovat, the mad bastard… Ni de l'entraînement à balles réelles…
Quelques passages aussi se portent sur Eisenhower, qui, s'il n'avait pas pu prévoir tous les détails de l'opération Overlord, l'avait tout de même assez bien pensée.

Nous retrouvons quelques-uns des personnages tout au long du livre, tant mieux, ils ne sont pas morts, mais on n'ignorait pas que les témoignages ont été laissés plus volontiers par les survivants que par les morts !
C'est un gros livre qui a beaucoup de choses à dire. Passionnant ! En cette année du 75ème anniversaire du débarquement, une bonne occasion d'en apprendre un peu plus sur cet épisode.
Je remercie vivement Babelio d'organiser Masse critique et les éditions Noir sur blanc d'y participer.

Quelques réflexions supplémentaires sur le sujet sur mon blog…
Lien : https://chargedame.wordpress..
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