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Critique de berni_29


Cela faisait longtemps que j'entendais parler de cet auteur, Bernard Minier. Il aura fallu attendre cet automne pour le découvrir enfin par l'entremise de son premier roman, Glacé.
Si ce thriller ne fut peut-être pas au premier abord une rencontre exceptionnelle, un de ces fameux coups de coeur dont on aime être épris au tournant de nos lectures, je m'aperçois en écrivant ces quelques lignes qu'il m'a fait quand même de l'effet, un frisson, quelque chose qui ressemble à l'âme de ses personnages et qui vient traîner comme un écho lancinant parmi les pages refermées.
A priori, rien d'exceptionnel en effet. On y fait la connaissance de Martin Servaz, un policier comme héros principal, comme tant d'autres policiers, avec ses tiques, ses fragilités, des fantômes qui resurgissent de temps en temps d'un passé pas tout à fait enfoui au fond de lui-même. Sans doute au premier abord, une impression de déjà-vu. Malgré son côté bavard et parfois agaçant, ce héros m'est malgré tout apparu plutôt attachant, comme si je devais être amené à le côtoyer au quotidien.
Sa relation avec ses autres collègues ou avec les autres personnages qui gravitent autour de l'enquête, le juge, la procureure, semblent également ressembler à des choses qu'on a déjà rencontrées ailleurs.
L'intrigue se déroule avec les codes classiques du genre. On déroule le fil, les pistes s'embrouillent, on se perd, les premiers suspects ne sont bien entendu pas les vrais coupables, il y a des rebondissements presque jusqu'à la fin de l'histoire.
Et pourtant...
La scène qui ouvre le livre est époustouflante. Elle nous coupe le souffle d'amblée. Une vraie scène de cinéma ! Et à partir de là, il sera difficile de reprendre son souffle, tenter de retrouver un peu de cet air pur des montagnes qui plantent le décor vertigineux de ce thriller.
En effet, l'intrigue du livre se déroule dans un paysage majestueux, celui des Pyrénées. Précisément à Saint-Martin-de-Comminges. Ce nom me disait bien quelque chose dès que je l'ai découvert aux premières pages. Il y a quelques années, visitant les Pyrénées en famille, j'avais particulièrement apprécié cet endroit recommandé par un de mes amis et notamment ce très joli village avec sa basilique, Saint-Bertrand de Comminges, perché sur son piton rocheux, entouré d'un paysage de verdure magnifique. Et pourtant, en regardant de près sur une carte, point de Saint-Martin-de-Comminges ! Ce nom est sorti tout droit de l'imaginaire de son auteur. Mais cette vallée encaissée des Pyrénées, telle que Bernard Minier la décrit, devient peu à peu un personnage à part entière, sombre et fascinant...
Martin Servaz avance dans l'intrigue, crachant des locutions latines à tout va, c'est une de ses manies, écoutant du Mahler, c'en est une autre. Quidquid latine dictum sit, altum sonatur. On tire le fil avec lui et d'autres intrigues surgissent du blizzard qui semblent n'avoir aucun lien entre elles. L'histoire s'échafaude, a priori dans des sens bien différents, on y perdrait presque son latin, mais c'est sans compter sur le talent de l'auteur, qui je le reconnais volontiers, a construit le récit de ce thriller de main de maître et nous tient en haleine jusqu'au bout, tandis que Servaz assemble les morceaux du puzzle un à un. Tempus rerum imperator.
Il y a aussi dans ce décor vertigineux d'autres lieux tout aussi glauques et lourds d'énigme à vous faire froid dans le dos, une usine hydroélectrique à flanc de montagne, une colonie de vacances désaffectée, un institut psychiatrique où sont reclus des criminels dangereux, des monstres en cage, à visage humain.
Peu à peu, nous nous attachons aussi aux autres personnages, surgissant peu à peu du second plan, les collègues du commandant Servaz, Vincent Espérandieu, Samira, ou bien la gendarmette Irène Ziegler, chacun vivant une sexualité débridée à sa manière, qui détonnent totalement avec l'image que l'on se fait habituellement, et sans doute à tort, de la police ou de la gendarmerie.
In fine, ce livre m'a tenu éveillé durant quelques nuits glaçantes. In girum imus nocte et consumimur igni !
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