Ce sont les blessures de l'âme qui font mal.
- Vivre est un risque permanent. Seuls les morts sont à l'abri, tu le sais bien. Pour toujours.
C'était le seul ami de ceux que tout le monde fuyait comme la peste.
Quand je le critiquais - j'en avais assez qu'on profite de lui -, il rétorquait que donner du sens à la vie des autres était la mission la plus honorable qui soit.
[...] au plus profond de moi , j'éprouvais le sentiment que je n'atteindrais jamais le bonheur. Chacun de mes mouvements était un pas vers le vide. Rien ne me retenait dans un monde que je comprenais de moins en moins.
J'aimais les poèmes d'amour impossible, les romans gothiques, les visions d'outre-tombe, ces esprits tourmentés qui s'adressaient à moi à travers les siècles. Ils étaient devenus mes amis, mes confidents, ma véritable famille car, comme moi, ils avaient vécu les pieds dans ce monde et la tête dans l'autre.
[...] Un jour, on s'en va, point. Fini les problèmes.
- Il vaut mieux craindre davantage les vivants que les morts, soulignai-je.
Passer mon temps libre, en compagnie des défunts, me permettait d’envisager la vie comme un bref intervalle : un accident entre deux éternités dont personne ne sait rien – personne du moins qui puisse en revenir pour nous raconter.
[...] Comme le disait Hermann Hesse, chacun porte en soi, jusqu'à sa fin, les restes de ses naissances, les dépouilles, et les membranes d'un monde primitif.
"Un jour, je serais des vôtres", pensais-je.