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Critique de Laureneb


Difficile de donner un avis sur cette oeuvre baroque au sens propre de bizarre...
On croit d'abord lire le récit d'un dîner mondain comme chez Maupassant, où des hommes - uniquement - se confient après le souper ou après une bonne partie de chasse, parlant, forcément de violence et de femmes - qui motivent toujours la violence et la mort.
On passe ensuite à un roman de Zola, en décrivant les dessous sales de la politique, avec "Son Excellence Eugène Morin" qui fait penser à son Excellence Eugène Rougon, tirant les ficelles dans l'ombre grâce à ses agents exécutant les besognes illégales mais nécessaires. Sauf que ce n'est plus l'Empire, mais la IIIème République, celle du scandale de Panama, où la corruption est courante, même chez ceux qui ont combattu les excès de l'Empire. Comme chez Zola, le sexe et le pouvoir se mêlent, de façon plus crue encore.
Le texte bascule ensuite en un récit de voyage, décrivant les passagers et leurs loisirs, en cette fin de XIXème - début du XXème siècle où les riches occidentaux voyagent pour le plaisir ou pour la science dans un monde devenu mondialisé par la colonisation, où les Egyptiens sont des boys et les Chinoises des femmes de chambre, où les Noirs africains sont des esclaves modernes sans le nom - puisque l'esclavage n'existe officiellement plus, mais qui sont de la chair à canon au sens propre pour qu'un officier teste ses nouvelles balles, qui sont exploités pour produire du caoutchouc ou un autre matériau exotique, et à qui l'on coupe les mains pour les civiliser. On croit ensuite lire une idylle, mais le personnage féminin au centre de l'attention de tous les hommes est vite conquis...
C'est ensuite la partie qui donne son nom au livre, où le personnage principal qui nous semblait dépravé, sans morale, faiblit face aux cruautés judiciaires et sexuelles qu'il contemple, mais surtout face au caractère de celle qu'il croyait aimer et qu'il découvre être un monstre pervers et dominateur, narcissique et violent. Comme dans un roman inversé à nouveau de Zola - La Faute de l'Abbé Mouret, ou plus généralement à rebours de tout l'imaginaire voyant dans le jardin le lieu des délices et des voluptés, ici, c'est le jardin des supplices. Et la beauté et le parfum des fleurs se mêlent à la pourriture de la décomposition, les pistils et les pétales aux morceaux de chair.
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