Pas vraiment une lecture pour les fêtes de Noël…
J'espérais, en lisant cette BD, éclaircir le sac de noeud des guerres des Balkans de la fin du 20ème siècle. J'attendais une vision aussi rationnelle que possible, une vision d'historien.
Au lieu de cela, c'est un témoignage coup de poing qu'il nous est donné de lire. L'on voit de l'intérieur une société yougoslave multi-ethnique, multilingue et multireligieuse, maintenue dans la paix du fait de la dictature de Tito, s'éclater dans toutes les directions. Des voisins, des amis qui ne vénèrent pas le même dieu, qui regardaient ensemble les matches de foot, s'entretuent. Idéologiquement, il s'agit d'imposer « son » peuple, « sa » religion sur cette terre unique qui ne veut plus les supporter tous. En pratique, il s'agit de défendre la peau de sa famille, de son quartier.
Les flashbacks souvenirs d'un jeune serbe du Kosovo qui a fait sa vie en Italie et revient à Kosovska Mitrovica pour l'enterrement de son père se mélangent avec ceux d'un vieux serbe du Kosovo qui s'est retrouvé piégé dans le capharnaüm de la guerre civile. L'émotion guide les auteurs et le lecteur ; pas question de rationalité, seulement de regrets, de chagrin, de colère et de haine non éteinte.
Nikola Mirkovic est serbe d'origine. Cela se sent dans l'émotion qu'il met à déclarer que la vision mondialement médiatisée de la Serbie responsable est trop simplificatrice. On sent surtout sa tristesse de la disparition d'une société où l'on pouvait être amis malgré les différences. La lecture est amère. On en ressort lessivé, en souhaitant sans y croire que cela ne se reproduise jamais.
Merci à Masse Critique et aux éditions du Rocher.
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Nous avons là une bande dessinée qui aborde le conflit des Balkans dans les années 1990 alors que l'action principale est située en 2004 dans un Kosovo à feu et à sang. Un fils revient d'Italie pour honorer la mémoire de son père et assister à son enterrement alors qu'il ne l'a plus revu depuis bien des années.
La couverture ressemble à s'y méprendre à une publicité de Coca-Cola avec ses couleurs rouge et blanc alors que l'image de guerre est assez morbide. On comprendra à la lecture que ce n'est pas une simple coïncidence car des affiches de la campagne « enjoy » couvraient les rues de Dubrovnic alors que les bombardements tuaient des centaines de civils femmes et enfants. Cela a un côté décalé mais d'assez mauvais goût comme pour souligner le décalage entre les sociétés occidentales qui s'amusaient alors que d'autres se faisaient une guerre impitoyable.
Juste avant de commencer ma lecture, j'aborde toujours le message laissé par les auteurs sur la page de garde. On apprendra que le coloriste a fait son travail jusqu'à la vingtième planche car il a eu un grave accident qui ne lui a malheureusement pas permis de continuer. Les auteurs nous demandent de pardonner l'incohérence de style mais je ne l'ai absolument pas senti. Je pense que le poursuivant a fait du bon travail en respectant la ligne conductrice.
J'ai bien aimé la construction de ce récit qui laisse un goût amer. On se rend compte qu'il n'y avait pas de gentils contre des méchants alors qu'une certaine campagne de propagande gagnait toute l'Europe. C'était bien plus compliqué que cela. Cette bd va nous apporter de nouveaux témoignages qui peuvent être assez intéressants pour se forger une opinion.
Pour autant, la conclusion semble dire que les peuples des Balkans n'ont rien à gagner dans des guerres qui les opposent et qui sont orchestrées par des puissances étrangères qui manipulent les masses pour vendre des armes et qui sont les grandes gagnantes. Bref, il faut les laisser tranquille. Pour autant, j'avais eu l'impression que l'intervention des occidentaux était de mettre fin à ce conflit fratricide pour retrouver la paix.
Malgré cette différence de vue avec les auteurs, j'ai bien apprécié cette bd qui nous apporte quelque chose. La paix est une chose précieuse qu'il nous faut conserver sans tomber dans le nationalisme ou les excès de religion.
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