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Critique de lelangagedement


Autant en emporte le vent


N'ayant jamais lu « Autant en emporte le vent », ni même vu son adaptation cinématographique, la nouvelle traduction de Josette Chicheportiche, proposée par Gallmeister était l'occasion de me plonger dans cette oeuvre incontournable.
Il est toujours difficile de donner son avis sur un texte devenu culte. « Autant en emporte le vent » fait partie de ces classiques qui ont marqué l'histoire littéraire, et dont on ne remet plus en question les qualités. En effet, cet imposant ouvrage (deux tomes de plus de 700 pages dans la nouvelle édition Gallmeister) est un tour de force à bien des égards : il tient parfaitement le lecteur en haleine, offre une galerie de personnages hauts en couleur, tout en exploitant brillamment un contexte social et historique comme toile de fond. Mais voilà, ce contexte social et historique, qui est celui de la guerre de Sécession, est loin d'être traité d'un point de vue objectif et impartial. Au contraire : ce qu'incarne Scarlett O'Hara, c'est le Sud d'avant-guerre, celui dont les esclaves faisaient partie intégrante, qui permettaient aux familles possédant les plantations de coton de maintenir à la fois la pérennité de leur exploitation et leur rang social. L'émancipation des esclaves reste la grande tragédie de ces familles reléguées au second rang, qui ont tout perdu – leurs hommes à la guerre, leur richesse et leur pouvoir. Rien n'empêchait de traiter cette réalité avec justesse et recul. Mais Margaret Mitchell, issue d'une famille de sudistes et ayant grandi avec ce récit-là, ne propose nullement une autre vision que celle qui prédominait sans doute dans son enfance : la vision d'un paradis perdu où esclaves noirs et propriétaires blancs cohabitaient pour le meilleur, suivie d'une défaite qui entraina la déchéance de tout un peuple, tandis que le Ku Klux Klan incarnait une forme de lutte honorable et courageuse.
Si « Autant en emporte le vent » reste un page turner mené avec brio et si l'on peut voir en Scarlett O'Hara une héroïne loin des clichés des personnages féminins traditionnels, il est néanmoins difficile, en 2020, de faire l'impasse sur tout un aspect sombre du récit qui imprègne chaque page, et qui, à la fin de la lecture, laisse comme un goût amer en bouche.
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