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Critique de thimiroi


Tout d'abord, j'aimerais remercier Babelio et les Editions Tallandier pour cette découverte tout à fait « dépaysante ».
L'action de ce roman se passe au XVIème siècle, au Rajahstan (nord-ouest de l'Inde). La narratrice du récit, Adhira, ce qui veut dire « née de l'éclair et de la pluie », doit son nom au fait d'être venue au monde un jour de pluie après cinq années de sécheresse.
L'auteure a su donner vie à un milieu original et fascinant, celui des devadesis, les danseuses sacrées. Les devadesis sont consacrées aux dieux dès leur plus jeune âge, à neuf ans en ce qui concerne Adhira. Mais cette consécration entraîne de lourdes contraintes : les devadesis ne peuvent se marier, elles doivent s'offrir à un riche protecteur qui fait des dons au temple où elles exercent leur activité.
Anjali Mitter Duva a su aussi créer des personnages attachants et dotés d'une vraie profondeur psychologique, dont Adhira raconte l'histoire sur une quinzaine d'années, de 1554 à 1569.
Ces personnages, ce sont évidemment les membres de sa famille : un père, Gandar, maître de danse au temple voué au Seigneur Krishna à Jaisalmer, qui souhaite impérativement que ses enfants se consacrent eux aussi à la danse sacrée ; une mère déchirée entre des aspirations contraires, l'amour et le respect envers son mari mais aussi le souhait de voir ses enfants libres et heureux, ce qui implique de ne pas suivre forcément les ambitions paternelles ; un frère aîné, Mahendra, qui justement choisit la liberté et quitte sa famille ; et enfin un deuxième frère, Hari Dev, négligé par son père parce qu'infirme, et donc incapable de danser.
Un autre personnage est particulièrement important, une devadesi nommée Chandrabai : celle-ci tombe amoureuse du frère d'Adhira, Mahendra, ils vivent une relation passionnée, mais elle est incapable de renoncer à ses voeux et doit continuer à voir son protecteur.
Si tous ces personnages sont mis en scène de manière particulièrement vivante, en revanche le personnage d'Adhira paraît singulièrement désincarné en de nombreuses circonstances, y compris lors de moments déterminants. Je prendrai deux exemples : après le viol qu'elle subit, aucun de ses sentiments n'est exprimé, alors que ceux de son frère Hari Dev le sont de manière précise ! Il en va de même lorsqu'elle danse devant le rajah...
J'émettrai une seconde réserve concernant le choix de l'auteure de faire d'Adhira la narratrice du roman : dans de nombreux chapitres, les pensées intimes des personnages sont indiquées alors qu'elle n'est pas présente et qu'il n'est mentionné nulle part qu'on lui en ait fait le récit. Puisque le narrateur est omniscient, il aurait sans doute mieux valu écrire un récit à la troisième personne.
Ceci dit, Adhira, fille de la pluie est un premier roman tout à fait prometteur et on suivra avec intérêt la suite du parcours littéraire d'Anjali Mitter Duva, qui pourrait d'ailleurs écrire la suite des aventures de son héroïne...

P.-S. : on évitera de lire la présentation du roman en quatrième de couverture, car elle en dévoile la fin !
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