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Critique de nilebeh


Araki Kohei a consacré sa vie aux dictionnaires. Arrivé à l'âge de la retraite, il voudrait bien que son employeur, la société d'édition Genbu Shobo, recrute un remplaçant. Mais voilà qui n'est pas facile à trouver ! Pourtant, dans la même entreprise, il déniche Majimé ( = sérieux, en japonais, et cela lui va très bien), un garçon de vingt-sept ans, très renfermé, peu sûr de lui et...encore inexpérimenté côté sexe. Ce qui va susciter les moqueries de certains collègues. Il bénéficie pourtant de l'estime d'Araki et de la confiance du professeur-lexicographe, Pr Matsumoto.

Un vrai défi s'impose à l'équipe : publier un nouveau dictionnaire baptisé La grande traversée et en même temps procéder à la réédition d'autres dictionnaires. Une gageure quand on sait le temps qu'il faut pour organiser les entrées, susciter l'aide de contributeurs et vérifier leur travail, rédiger les articles, faire la mise en page, etc. Rien n'est gagné d'avance, tout étant conditionné par les choix lexicaux du directeur d'édition.
Il est à noter que cet ouvrage ne fait l'objet d'aucune subvention publique, il est totalement financé par l'éditeur, garant, dit l'auteur, de son indépendance :

« Les mots, et l'esprit qui les fait naître, sont libres, et n'ont rien à voir avec le pouvoir. Et il faut qu'il en soit ainsi. Un navire qui permettra à chacun de naviguer sur l'océan des mots à sa guise, voilà ce que nous essayons de faire avec La Grande Traversée. N'y renonçons jamais. » affirme le Professeur Matsumoto.

Et puis surtout...un dictionnaire, ce n'est jamais fini ! Comment mettre un point final à une oeuvre vivante, en perpétuelle transformation ? La langue n'est jamais figée. La Grande Traversée s'annonce une véritable odyssée. Elle durera quinze ans.

L'auteure s'intéresse à la polysémie des mots et expressions, (ex : ça va barder/barder de lard : la traduction a dû être ingénieuse !).
On apprécie le caractère concret du récit de l'auteure qui fait voisiner observations sur la culture japonaise (savoir-vivre, cuisine, coutumes) et réflexion sur ce que signifie constituer un dictionnaire. Il nous entraîne de façon très concrète dans le travail d'édition, recherche de contributeurs, rédaction, vérification, illustration, importance du support-papier (là, on se demande si vraiment on édite encore des dictionnaires sur papier au Japon).

Il se trouve que vivant aux côtés d'un linguiste confirmé et rédacteur lui-même de dictionnaires de langues orales rares, je suis sensibilisée à ce sujet depuis des lustres. D'où mon intérêt pour ce livre. mais je suis sûre que tout (e) amoureux (se) des mots fera son miel de cette lecture.
En tous cas, un grand merci à Bookycooky pour sa recommandation.
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