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Critique de RogerRaynal


Ce petit ouvrage (100 pages) est un recueil de cinq contes, traduits par Élisabeth Suetsugu.

Ce ne sont pas exactement des contes pour enfants, bien que leur auteur les ait lus à ses frères et soeurs. Ils sont imprégnés de philosophie bouddhiste, et s'adressent à tous. 

Pour mieux les comprendre, il me faut dire quelques mots de lui qui les a écrits : Miyasawa Kenji. C'est un auteur du début du vingtième siècle, mort en 1933 sans jamais avoir vu ses récits publiés. Comme tant d'autres, il ne sera connu qu'à titre posthume, et fera surtout la joie, outre ses lecteurs, des éditeurs qui avaient refusé ses textes de son vivant…

Miyasawa était un bouddhiste fervent et un agronome, fin observateur de la nature, et a commencé à écrire des contes à vingt-deux ans. Après de vaines tentatives d'édition en 1923, il publiera sans succès deux volumes en 1924, à compte d'auteur. Inconnu à sa mort en 1933, à 37 ans, c'est en 1934 qu'il commence à être publié et apprécié. Sa langue est très particulière, utilisant nombre d'onomatopées, caractéristiques du japonais, ce qui la rend à peu près intraduisible… Rendons donc hommage au travail « impossible » auquel s'est attelée Élisabeth Suetsugu, et examinons les récits présentés.

« Les jumeaux du ciel » raconte les mésaventures de deux étoiles jumelles jouant de la musique pour accompagner la ronde des étoiles, la nuit, autour de la polaire. On y trouve une comptine fantaisiste destinée à apprendre les constellations, que l'on retrouve personnifiées sous les traits des animaux correspondant à leur nom. Il en est de même pour d'autres corps célestes dont on découvre les surnoms japonais.

« L'araignée, la limace et le blaireau » n'est pas une fable, mais la biographie de trois animaux au destin tragique, présentée avec force chansons, mais qui sont tous trois punis de leur gloutonnerie.

« Le bureau des chats », qui donne son titre à l'ouvrage (et ce n'est pas un hasard) décrit la mise à l'écart, « au placard », d'un employé dans une administration. C'est à la fois une fable bouddhique et la description d'une situation qui n'est pas rare au japon, tout comme dans de nombreuses entreprises.

Il est assez peu honnête de ne pas mentionner, sur aucune couverture de l'édition brochée ou poche, qu'il s'agit de plusieurs récits. Si l'éditeur avait voulu profiter des achats compulsifs des « cat-fans », il ne s'y serait pas pris autrement… le bureau des chats est en effet un très court récit, et un lecteur peu attentif serait alors facilement déçu par le livre…

« La vigne vierge et l'arc-en-ciel » est un dialogue aux accents philosophiques et bouddhiques, mais aussi une réflexion sur les rapports entre la beauté et la brièveté, un terme « furieusement » japonais.

« Le faucon de nuit devenu étoile » clôt le recueil par un joli conte sur les moqueries (nous dirions aujourd'hui le harcèlement) subies par un pauvre engoulevent qui se métamorphose lors de son dernier vol.

À la fin de chaque histoire, quelques notes nous font partager les interrogations multiples de la traductrice aux prises avec les jeux de mots de Miyasawa. Leur emplacement les rend peu pratiques pour les consulter, car ils sont découverts « trop tard », lorsque l'histoire est terminée. Les regrouper en fin d'ouvrage aurait peut-être été plus pertinent.
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