AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Annette55


«  Les notes de musique s'égrenaient comme une enfilade de gouttes d'eau argentées sur une feuille de bambou après une forte averse » .
«  Une mélodie simple , touchante, lancinante, transparente comme un ruisseau de larmes , commença à couler sur les cordes du premier violon » .
«  On joue de la musique européenne au Japon,.........Monsieur.
La musique traverse les frontières , c'est le patrimoine de l'humanité » ...
Quelques extraits de ces sublimes pages!
Je n'aurai pas de mots assez forts ni convaincants pour évoquer au mieux cette jolie parabole dédiée à la musique de l'âme, à l'amitié , à l'amour , au souvenir, à la poésie , à la fidélité , défiant la mort...

C'est l'histoire longue d'un violon brisé et reconstruit à l'image d'un petit garçon nippon, Rei Mizusawa, dont le père , Yu, professeur d'anglais , passionné de musique classique occidentale , périra , battu et torturé , pour avoir , en plein conflit sino- japonais , constitué un quatuor à cordes , avec trois étudiants chinois, restés au Japon en 1938, malgré la guerre dans laquelle la politique expansionniste de l'Empire est en train de plonger l'Asie .
.Devenu orphelin Rei dit «  Jacques » atterrira en France ,, adopté par Jacques et Isabelle Maillard .
Il n'aura de cesse sa vie durant d'entretenir la passion de cet instrument maudit , en devenant luthier lui- même et en épousant Hélène , une archetière .
Ils répétaient au Centre culturel de Tokyo le quatuor à cordes en la mineur opus 29 de Franz Schubert appelé «  Rosamunde » lorsque cinq soldats en uniforme surgissent dans la salle.
le violon de Yu est brisé , les musiciens sont embarqués , soupçonnés de comploter contre le pays.
Réfugié grâce à son père dans une grande armoire , Rei , onze ans , collégien ,assiste à toute la scène.

Il ne reverra jamais son père, échappera à la violence des militaires grâce au lieutenant Kurokami qui lui confie le violon détruit .
Cette blessure d'enfance irréversible , non cicatrisée le marquera sa vie entière .
En parallèle nous pénétrons dans la vie d'un couple ,très longtemps après , au coeur de Mirecourt , la ville de Jean Baptiste et Nicolas François Vuillaume, petite ville Lorraine connue dans le monde entier , la ville des archers et des luthiers , où ont vécu Rei , devenu Jacques Maillard, luthier et Hélène archetière , comme Crémone en Italie ...

J'ai été littéralement happée , séduite par la poésie délicate de cette oeuvre où l'instrument vit, s'éveille , s'anime , prend vie , où l'auteur écrit des pages magnifiques.
Il vit la musique comme un art à la fois intime et universel.
Un texte lumineux entre réalisme cru et magie du conte où les émotions foisonnent, la musique, la tendresse et l'harmonie affleurent au fil des pages semblables à une mélodie douce , sensible, attachante, sur fond de Schubert.

Un petit bijou touchant pétri d'humanité évoquant la question du souvenir douloureux, le déracinement, le deuil impossible au fil des jours.
La langue est élégante, émouvante et ample .
Une oeuvre bouleversante , fine , à recommander , cette « Âme brisée. » un jour de 1938, l'âme d'un petit garçon et celle d'un violon , détruits par une violence inimaginable !
Ce livre restera longtemps dans mon coeur !
Encore une bonne idée de mon libraire !


Commenter  J’apprécie          6913



Ont apprécié cette critique (58)voir plus




{* *}