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Critique de Nastie92


"Objets inanimés, avez-vous donc une âme
Qui s'attache à notre âme et la force d'aimer ?..."

"Âme : principe spirituel de l'homme, qui existe en soi et s'oppose au corps" nous dit le dictionnaire.
Mais ce n'est pas tout.
Dans un violon, l'âme est une pièce de bois (généralement de l'épicéa) placée à l'intérieur de la caisse de résonnance. Elle a une double fonction : mécanique (elle répartit les forces exercées par la tension des cordes) et sonore (elle transmet les vibrations au fond de l'instrument).

L'âme humaine et l'âme du violon ont un point commun capital : elles sont invisibles mais essentielles, car au-delà des apparences physiques, elles donnent leur personnalité à l'homme comme à l'instrument.

Dès le titre, Akira Mizubayashi joue sur ce double sens du mot âme, et le roman entier s'articule autour d'un instrument et d'un enfant blessés.
L'auteur mène de front des histoires parallèles ayant lieu à des époques différentes, entremêle différents thèmes (Histoire, lutherie, littérature et bien sûr : musique), le tout s'emboîtant impeccablement, comme les voix des différents instruments s'unissent en une parfaite symphonie.

Âme brisée est un très beau roman qui dénonce de façon très sensible l'absurdité de la guerre. C'est un plaidoyer pour la paix à travers la culture, en particulier la musique qui peut réunir tous les hommes, d'où qu'ils viennent : "La musique traverse les frontières, c'est le patrimoine de l'humanité."

À ce propos, j'ouvre une parenthèse.
Je veux dénoncer toutes ces polémiques stupides au sujet de certains orchestres qui n'auraient pas assez de musiciens "non blancs" ou pas assez de femmes ou pas assez de je ne sais quelle catégorie.
Premièrement : trier les êtres humains selon leur couleur, leur sexe ou leur origine est particulièrement stupide, surtout dans le domaine de la musique, art qui peut vraiment fédérer l'humanité.
Deuxièmement : lors des concours de recrutement dans les grands orchestres, les candidats jouent derrière un paravent, et le jury ne les connaît que par leur numéro ; le choix se fait donc exclusivement sur la valeur musicale, et c'est tant mieux.
Fin de la parenthèse !

Akira Mizubayashi est lui-même un très bon exemple de l'universalité de l'art et de la culture : Japonais tombé amoureux de la France, il écrit directement en français dans un style unique alliant la sensibilité et la délicatesse nippones et une très grande maîtrise de la langue.
Que vous soyez férus de musique ou non, ce livre tout en finesse ne pourra pas vous laisser insensible.
"L'essentiel de la musique n'est pas dans les notes" a dit Gustave Mahler.
Effectivement, l'essentiel est dans l'émotion.
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