« C’est un grand malheur que de ne pas être aimé. »
Plus tard, j’ai su que Noriyuki, le frère ainé de Yayoi, était le seul fils des Shigemitsu. A ce moment-là, j’ai senti que mourir à la guerre n’était pas la même chose pour tout le monde, et que la mort de ce jeune homme était beaucoup plus regrettable que celle de mon père, par exemple.
- Je crois qu’une fille commence par être pour sa mère une poupée qu’elle peut habiller à sa guise, un miroir où se reflètent ses passions, mais qu’en grandissant elle laisse voir son propre caractère.
Mademoiselle, n’y-a-t-il rien que vous aimeriez avoir ? Parmi les choses qui s’achètent avec de l’argent.
-Non, je ne crois pas…
Alors que je passais ma vie à me dire, ah, si j’avais un peu plus d’argent ! J’avais à cet instant la tête vide. J’étais surprise d’avoir l’impression que les seules choses désirables sont celles qui ne s’achètent pas.
Pourquoi la pauvreté était-elle alors si apparente ? La chemise blanche de Taro était jaunie, son pantalon noir s’arrêtait au-dessus de ses chevilles maigres et il était pieds nus dans ses tennis de toile. Ce n’était que cela, mais il aurait aussi bien pu avoir une pancarte avec le mot « pauvre » écrit en grosses lettres accrochée au cou. Son malaise était encore plus visible. A l’instant où tous les regards ont convergé sur lui, il a certainement perçu qu’il n’était pas à sa place, cela se voyait sur sa figure.
Nous naissons tous avec un caractère propre, des talents particuliers, un destin, mais j’ai pris conscience qu’il y a des choses qui dépassent cela et contre lesquelles nous ne pouvons rien pendant notre seule et unique vie.
Les gens qui ont l’esprit vif sont souvent maladroits dans leurs mouvements, mais Tarô Azuma était différent, et la rapidité intellectuelle était apparemment associée chez lui à la dextérité manuelle
Les relations humaines sont souvent asymétriques…
A cette époque où le Japon était encore un pays pauvre, le salaire des expatriés ordinaires, particulièrement des célibataires et de ceux qui étaient envoyés à l’étranger sans leur famille, reflétait cette pauvreté et, à New-York, où la vie était chère, il n’était pas rare qu’ils partagent des appartements à deux ou à trois, alors que les directeurs des bureaux et des filiales de sociétés japonaises qui les représentait à l’étranger recevaient un meilleur traitement
L’Histoire nous apprend que le commerce est le meilleur moyen d’établir des liens profonds entre personnes de civilisations différentes.