Un récit autobiographique intéressant sur le site nouvelles du Japon.
Minae Mizumura est née à Tokyo en 1951. A 12 ans, elle émigre aux Etats-Unis. Elle suit des études de littérature française à Yale, puis enseigne la littérature japonaise contemporaine dans de prestigieuses universités américaines.. Mais elle écrit ses romans et ses récits en japonais, langue qu'elle estime menacée de disparition.
Dans ce récit autobiographique, l'autrice se souvient d'un épisode marquant de son enfance au Japon. La mère l'a inscrite avec sa soeur ainée à l'Académie de ballet Sakata, un cours de danse classique occidentale ouvert dans le Japon pauvre qui se relève de la défaite. Sa mère est la fille illégitime d'une geisha, elle a pu aller au lycée grâce à la générosité de son père mais elle a grandi en marge de la classe moyenne d'avant-guerre, sans pouvoir pratiquer un art quelconque. Elle a donc décidé que sa fille aînée serait pianiste, qu'elle enseignerait ensuite dans une université féminine pour jeune filles de bonne famille. Et pour commencer elle inscrit les deux filles à la danse classique alors que sa belle-mère les aurait bien vues prendre des cours de danse traditionnelle...
Le titre est alambiqué et le début est un assez obscur. Mais ensuite le récit est très prenant. Il est interrompu par les dialogues des deux soeurs adultes et des digressions explicatives. C'est un témoignage intéressant sur l'occidentalisation des japonaises, volontaires ou réticentes après la guerre et sur les rapports hiérarchiques entre les femmes à l'intérieur de la famille. Et puis l'évocation du cours de danse de Madame Sakata est très touchante.