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Critique de keria31


Non, ce livre ne m'a ni charmé, ni convaincu.
Et c'est sans doute dommage car il a reçu un titre flamboyant (celui de Prix Nobel de la littérature 2014) et que c'est pour cela que j'ai souhaité le lire en dépit du résumé, qui ne m'attirait pas.
D'abord l'histoire, elle n'est pas très recherchée et surtout elle est pleine d'invraisemblances. Comme le sujet abordé est à priori réaliste, on s'attendait à un articulation logique, une cohérence d'ensemble. Le narrateur Jean cherche dans son carnet, des notes pour se réapproprier des souvenirs qui lui reviennent par bribes. Or première question qui émerge vite : comment ou pourquoi le narrateur a-t-il perdu la mémoire? Or si la réponse tarde à venir (ce que l'on peut comprendre), on l'attend toujours en vain. Ensuite, les personnages qui sont ici évoqués sont entourés d'un flou volontaire en rapport avec la mémoire nébuleuse de Jean. Or, l'auteur prend peu la peine de former leur caractère car son héros, lui-même, n'a pas vraiment eu de conversations et relations approfondies avec eux.
Quant à l'intrigue, elle est quasi inexistante : on sait que Jean a eu une liaison avec une dénommée Jeanne qui a eu des ennuis avec la police. Ce n'est qu'à la fin que l'on apprendra, plus ou moins, ce qu'elle a fait. Mais il ne faut surtout pas chercher pourquoi ou comment, ses mobiles, ses rapports avec la victime, son entourage...
Sans doute Patrick Modiano cherche à créer par ce moyen-là un mystère. Il n'en est rien : à force de non-dits, il nous plonge seulement dans l'informe, l'indistinct, le brouillard épais. Et pour ce qui est du suspense, qui est sensé être au coeur de cette intrigue, il faut savoir que le suspense est une tension intellectuelle, comme un nerf qui se tend dans le corps, ce que là, je n'ai absolument pas ressenti. La curiosité n'a pas été forte car je me suis sentie assez lasse de ne voir aucun indice délivré.
Enfin, si le thème de la quête d'identité est ici au coeur du sujet, celui-ci aurait dû nous conduire à nous centrer davantage sur le personnage de Jean, son ressenti, ses questions, son parcours. De même les changements d'identité de Jeanne qui ne sont pas développés...Du coup la quête d'identité se transforme en l'absence même d'identité. Bravo, je veux pas dire mais l'auteur a fait fort dans le vide : le nul, le non advenu. Si ça, c'est du mystère ? Alors moi, je ne sais pas, mais le mieux, c'est de ne plus chercher à comprendre car au fond, il n'y a de mystère qu'à l'aune de ceux qui percent et mettent en évidence les ressorts même dudit mystère. Non, je le répète, le non-dit, l'informe, le vide, l'absence même de ressorts psychologiques, n'est pas le mystère !
Reste que les amateurs de poésie seront ravis : on fait une promenade dans Paris, ses ruelles, ses cafés, ses places et on plonge dans une ambiance continue grâce à l'unité de ton, mélancolique et calme, qui émane du récit. Or pour ma part, ce n'est pas un poème que je souhaitais lire mais un roman !
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