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Critique de jeandubus


Quartier perdu.

Retour vers la rive droite chic.

Ambrose Guise célèbre écrivain "anglais" de bouquins d'espionnage façon Ian Flemming (sic) ,rien moins, revient à Paris vingt ans après l'avoir quitté(e) ,toucher un chèque de 80 000 livres sterling (une sacrée somme en 1984) en échange de droits d'adaptation de son oeuvre au Japon. Et voilà, ne parlons plus boulot, c'est sale.

Ambrose s'appelle en réalité Jean Dekker, fils d'une anglaise et ,et, peu importe… qui s'est installé de l'autre côté du Channel . Beau et riche à trente-neuf ans il a une femme charmante et trois enfants , un major d'homme et une gouvernante, une maison de campagne( et peut être des chevaux et des grosses limousines).

Dans la pizzeria chic du dix-septième étage du Concorde Lafayette en compagnie de l'homme d'affaire Japonais, reviennent les souvenirs. Deux trois heures de sieste au LOTTI (un des hôtels les plus chers de la rue Castiglione près de la rue de Rivoli) et il file dans l'appartement de son ancien ami avocat suicidé à l'angle de la rue Monceau et de la rue de Courcelles, face à la pagode. Là vit nonchalamment l'épouse de l'avocat qui l'invite à rester pendant qu'elle ira se détendre sur la Riviera.

Alors il se souvient par bribes (suspens) des trois mois qui ont précédé son départ de Paris à vingt ans, il y a vingt ans, en 1964 en quelque sorte…

Que faisait-il donc de ses dix doigts à cette époque? La foire tout simplement, mais pas la foire du pauvre, non, la foire de la haute, dans les boites des Champs Elysées ; la foire avec (et au frais de) Carmen riche héritière décadente et dépensière qui voit en lui le fils de son premier amant ; Des nuits blanches avec des « figures » de la nuit, acteurs blasés, maquereaux bien élevés, et couples pervers.

A force d'alcool et de sexe (des non-dits) ça dérape et quelqu'un en fait les frais. Un mort.
...Et courageusement, Jean Dekker fuit la France et change de nom.

Riche de son expérience (7 ans de collège, six mois de « service militaire », trois mois d'hosto au Val de grâce et donc trois mois comme gigolo avec Carmen et cie) , Jean alias Ian Flemming écrit des livres qui font un tabac et il devient riche et il retrouve Paris pour empocher 80 000 £ et fêter son anniversaire qui tombe le 25 juillet comme un certain Patrick M.

Visite du restau « Chez Francis » place de l'Alma, de quelques bistrots guindés, des rues entre Rivoli et le quai, et une courte incartade à Saint Maur (mais oui ça existe la banlieue) pour faire peuple.

Le style débarrassé des subjonctifs imparfaits depuis le Goncourt (six ans plus tôt) répond sans doute à un dress code de l'Editeur, mais le résultat est là, c'est plus agréable à lire.

L'absence de conscience politique est encore plus flagrante que dans « rue des boutiques obscures », à moins que l'esprit naissant de Madame Claude et des ballets roses sous-entendu par les bringues nocturnes de Carmen et tous ses amis n'annoncent dans une époustouflante métaphore, l'ère Pompidou si riche en scandales. Aussi parlant que le clown de Bernard Buffet.

Comment se faire à ce vide sidéral et à l'inconscience des personnages presque maladive? Tout cela reste un mystère comme le succès que cela a suscité. Seul mystère (ou mystification) de ce livre en tout cas, jusqu'au titre improbable (Le côté "perdu" du pont de l'Alma !)

Bravo Ian Flemming.
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