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Critique de jeandubus


Rue des boutiques obscures

Conjonction des fêtes de fin d'année 2014 et du prix Nobel (tiens donc chérie, que pourrait-on lui offrir qu'il n'aurait pas encore lu ?) je me retrouve avec le prix Goncourt 1978.


Pour moi qui ne l'ai jamais lu, Modiano était une sorte de jeune bourge giscardien, un Claude Sautet de la littérature. Quelqu'un qui ne va pas au fond des choses de peur d'y voir une bataille sans combattants, d'y voir sa propre absence qu'on masquera plutôt que d'y trouver la raison objective de cette absence…

Cette « rue des boutiques obscures » est l'exacte métaphore de ce que je tente plus haut d'expliquer. le « héros » amnésique (comme c'est commode) cherche qui il est et traîne sa grande carcasse élégante et distinguée dans le Paris des années 65. Attention pas le Paris des faubourgs (malgré une courte incursion vers le quai d'Austerlitz), mon cher Paris des Beaux-Arts, rue de Seine et de l'échaudé, non, le Paris de « la haute », huitième et seizième, la rive droite huppée. On habite rue Cambon ou rue Cambacérès, on se rencontre rue de la Boétie. On travaille à la légation de l'ambassade de Saint Domingue (Mais où est donc ce foutu pays ma chère… ?: près du musée d'Art moderne mon ami...).

Comment devient-on amnésique, M. Modiano ? Pas de réponse, ni dans le livre ni dans la tête du pauvre garçon obligé de fuir en 1942 vers la Suisse via Megève avec sa compagne et de payer des passeurs (déjà !!!) 50 000 francs par tête pour fuir la vie frivole de la station alpine ;Pourquoi fuit-on au fait, passant par Vichy. On est étranger avec de faux passeports, on n'existe déjà à peine sans perdre la mémoire. Serait-on juif ? Peut-être…Résistant, sûrement pas à ce prix-là. Non, on est victime pleurnicharde, un peu à l'image du dernier discours de Stockholm. On fuit. On est là malgré soi, sans savoir. On n'a pas choisi d'être le meilleur ami d'un châtelain et d'un jockey célèbre, de faire des études à Nice dans une institution privée pour jeunes godelureaux. On pète dans la soie et on peut se permettre de perdre la mémoire et même de partir à sa recherche (du temps perdu !) pour mystifier les gogos qui vous lisent.
Vers la fin, Machin se paye le grand saut jusqu'à Papeete (A l'époque, une sacrée aventure) comme çà d'un coup d'ongle pour retrouver un carré de mémoire... Quel talent… Quel compte en banque.

Plus tard il suffira de retrouver la rue des boutiques obscures à Rome, hors texte, hors roman. Rendez-vous donc au prochain épisode pour un nouveau prix littéraire, une autre distinction qui ne dérangera personne. le Goncourt à Enid Blyton en quelque sorte.
Ça commence bien et ça ne finit pas.

Bonne idée, mauvais développement d'autant que le style est un peu lourdingue par rapport à la légèreté du propos :
« La place de la gare serait déserte si un enfant ne faisait du patin à roulettes sous les arbres du terre-plein » est français mais très maladroit, sans compter l'abus des imparfaits du subjonctif préférés systématiquement au passé du même genre pourtant recommandé en langage soutenu. Peut-on passer là-dessus en finissant sa timbale de ris chez Drouant ?

Pour moi cette littérature appartient au passé mais pas à l'histoire. C'est propre, c'est sans danger, c'est « trente glorieuses ».
Et pendant ce temps-là, Marguerite Duras écrivait. Et puis le nouveau roman faisait ses brasses.

Pas rancunier, j'en lirai d'autres de ces pastilles Vichy pour pouvoir me contredire moi-même. En plus il y a des promos.
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