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Critique de Apolline27


Avec Patrick Modiano, on tâtonne toujours. On tourne en rond dans une mémoire frileuse et fragmentée. On se crispe dans l'effort pour accrocher un souvenir qui conduise à un fragment de récit, à un embryon de portrait. On cherche à débusquer le sens de tous ces tâtonnements. On trouve parfois quelques miettes d'univers mais l'ensemble échappe, se dérobe, se morcelle. On arpente les phrases comme le narrateur arpente les rues de Paris. On est ébloui de temps à autre par une phrase vibrante et puis on reste en plan... D'autres fois, on s'installe dans un paragraphe qui semble promettre une histoire, mais l'histoire se délite, s'esquive. On s'arrête. On repart. On accélère. On revient en arrière.
Immergé dans une mémoire assaillie de souvenirs troubles et flous, on tâtonne encore dans une pensée démantelée par le temps et on se cogne aux mots comme on peut se cogner dans le palais des glaces d'une fête foraine sans forains. Tout est déformé et informe et on lutte avec le narrateur pour trouver une issue.
Au bout du compte - heureusement les récits de Modiano sont courts - on en sort épuisé, fourbu, indisponible. Et pourtant, implicitement, on est invité à tenter l'expérience sur soi-même: faire remonter dans la conscience tout ce qu'on s'est efforcé d'en chasser. Et ces souvenirs "remontent à la surface comme des noyés, au détour d'une rue, à certaines heures de la journée". Alors tout s'éclaire et, de mémoire à mémoire, avec Modiano, on finit par se comprendre.
Un récit inutile à faire lire à de jeunes lecteurs, déroutant et riche d'enseignements pour leurs aînés, un peu usés et enlisés dans le temps.
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