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Critique de Alfaric


Simona Mogavino est une représentante des beaux-arts italiens qui s'est prise sur le tard de passion pour L Histoire après avoir lu sur Aliénor d'Aquitaine la strong independant médiévale… Comme les artistes italiens ont toujours eu la cote en France dans l'univers des bandes dessinées, c'est Delcourt qui réalise son projet de biographie romancée en lui offrant comme collaborateurs Arnaud Delalande au scénario, Carlos Gomez aux dessins et JL Rio aux couleurs. Mieux la série "Aliénor, la Légende Noire" inaugure une nouvelle collection intitulée "Les Reines de Sang"… Autant dégager le négatif d'entrée : le principal défaut de la série et de la collection (et sans doute l'un des seuls) est d'avoir choisi des personnages à fort potentiel romanesque pour toucher le plus vaste public possible, mais comme L Histoire n'a retenu que les femmes de pouvoirs pour mieux critiquer « les femmes femmelles qui ont troublé l'ordre cosmique en délaissant les tâches maternelles et ménagères » (sic) on retrouve trop facilement les clichés sexistes des légendes noires. Et au-delà de la réalité et de la propagande, de la vérité et du mensonge, les femmes de pouvoir avant d'être des « femmes » sont « de pouvoir » avec toutes les turpitudes et les vicissitudes qui vont avec, donc pour éventuellement faire du féminisme et du women's studies, c'est quand même contre productif !
La grande idée de l'auteure c'est de traiter son personnage historique fétiche comme un anti-héroïne de telenova (donc il ne faut pas prendre cela trop sérieusement ^^), vous savez ces garces qu'on adore détester qui ont fait les beaux jours des séries méditerranéennes (italiennes et espagnoles, mais aussi égyptiennes et turques) avant de faire les beaux jours des séries latino-américaines (Mexique et Brésil en tête), et des sempiternels soap opera yankee ("Dallas", "Dynastie", "Les Feux de l'Amour", "Amour, Gloire et Beauté" ^^). Donc Aliénor est mise en scène comme une pétasse narcissique qui veut que la réalité corresponde à ses caprices d'enfant pourrie gâtée : égotique jusqu'au bout des ongles les autres n'existent que pour la servir, et comme elle est persuadée qu'elle seule détient la vérité ils en font toujours trop ou pas assez ce qui suscite chez elle de grosses colères, et si quelqu'un à la malheur de la contrarier c'est la vendetta et si quelqu'un ose s'opposer à elle c'est la guerre ! (là ce n'est plus une pétasse narcissique, mais une perverse narcissique) Évidemment je ne pas d'accord avec ceux et celles qui ont déclaré trouver cela cliché en plus d'être irréaliste (pour ne pas dire absurde et ridicule) : ces gens-là existent en vrai car la réalité dépasse toujours la fiction (on les appelle même des homines crevarices). Après l'auteure n'y va vraiment pas de main morte donc parfois c'est too much et on selon les sensibilités de chacun on peut parfois dangereusement frôler le « jump the shark », et c'est d'ailleurs pour cela qui ne lâche pas les étoiles (mais je ne lyncherai pas hein !). le côté historique n'est pas falot, au contraire il est bien documenté pour une BD donc c'est avec plaisir qu'on retrouve le game of thrones féodal vu d'en haut avec Louis VII le roi moine, époux de la pétasse narcissique, et vu d'en bas avec Vincent le chevalier errant beau-gosse et badass, amant de la pétasse narcissique : que serait une telenovela sans triangle amoureux, n'est-ce pas ? ^^
Graphiquement c'est au minimum très satisfaisant et personnellement j'ai trouvé l'ensemble très plaisant, mais pour bien connaître le travail du dessinateur ici il n'est pas encore à son meilleur niveau. Je me désolidarise totalement de ceux qui lui ont cassé du sucre sur le dos en lui reprochant de faire des personnages moches qui changent constamment de physionomie : moi qui suis très à cheval sur la question c'est à peine si j'ai remarqué les quelques planches où on hésite entre la jeune fille et la jeune femme sur les trois premiers tomes (et après tout un dessinateur a le droit d'évoluer entre deux tomes), donc on est loin de ces albums où les personnages doublent d'âge et de poids d'une case à l'autre (que voulez-vous c'est comme ça en France comme ailleurs : il y a des artistes qui ont la carte et qui sont applaudis même s'ils chient sur la table, et il y a ceux qui n'ont pas la carte et sur lesquels on peut s'essuyer les pieds en toute impunité)… Il faut toujours finir sur une note positive, donc si vous ne connaissez pas encore "Confessions d'Histoire" je vous renvoie à la vidéo humoristique sur le sujet qui mine de rien prend à contre-pied la version glamour sans en être très éloigné pour autant :
https://www.youtube.com/watch?v=YNCkYrI4CP4


Tome 4 :
https://www.babelio.com/livres/Mogavino-Les-Reines-de-sang-tome-4--Alienor-la-legende-noi/717747/critiques/1894658

Tome 5 :
https://www.babelio.com/livres/Mogavino-Les-Reines-de-sang-tome-5--Alienor-la-Legende-no/862553/critiques/1905749

Tome 6 :
https://www.babelio.com/livres/Mogavino-Les-Reines-de-sang-tome-6--Alienor-la-Legende-noi/968555/critiques/1907370

Et comme d'habitude les éditions Delcourt signe des intégrales soignées d'un bon rapport qualité/prix.
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