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Critique de FleurDuBien


Je ne comprends pas.
Vraiment.
Pourquoi Yann Moix est aussi détesté ?
Pourquoi on ne l'aime pas ?
Alors oui, le personnage public est honni, certes il peut être odieux, prétentieux, en un mot imbu de lui-même.
Mais ce n'est qu'un masque que porte ce cher Moix. Un masque pétri de névroses (Merci Maman, merci Papa), J'y reviendrai.
Oui, j'aime Moix, infiniment, complètement, sans retour.
Alors que l'on aime ou pas le personnage (car il y a deux Yann Moix ; celui des plateaux de télé, provocateur insupportable, tel un gamin blessé qu'il est, mais également, et cela il le cache, un vieux gamin désabusé, malheureux, dépressif), il est indéniable que son écriture est extraordinaire, lumineuse, sublime. Cela on ne peut pas lui retirer.
Il utilise à loisir une conjugaison désuète, certes, mais savoureuse.
J ai rarement lu un style aussi beau, juste, précis.
Dans cette galerie de personnages, certains sont truculents et si bien décrits.
Je pense à Delphin Brach dont les tirades sur les femmes feraient bondir les #meetoo.
Un vrai moment de bonheur littéraire que ces portraits de femmes faciles, dont Brach honore tout à loisir. Cet homme à femmes, dont le style est savoureux, pourrait avoir sa place parmi la gouaille d'un Audiard.
Dans ce livre, Paris, Moix est un Rastignac arrivé de sa province.
C'est le quatrième opus et le dernier visiblement. J'ai adoré Orléans, le premier tome, et Paris vient en second dans mes préférences.
Yann Moix nous narre par le menu la difficulté d'écrire son premier ouvrage, Jubilations vers le ciel, premier livre, prix Goncourt du premier roman tout de même.
Mais Yann est dépressif, doute de lui tout le temps, est rattrapé par son passé de maltraitances parentales.
J'ai adoré le passage sur la boîte de nuit Les Bains où j ai eu mes entrées il y a cela de nombreuses années, avec le portrait extraordinaire de la physio de la boîte mythique, Marilyne, que j'ai bien connue.
Il y a des fulgurances dans ce livre-là.
Un talent époustouflant, un regard sur soi sans indulgence, toujours à se dénigrer, à se détester, à se maudire.
Il n'aura pas toutes les femmes qu'il veut, il est trop triste et trop maladroit.
Il explique, et c'est très touchant, les sévices multiples de ses géniteurs, qui l'handicapent et le freinent dans sa recherche d'un bonheur imparfait, certes, mais un bonheur tout de même.
Yann Moix est dépressif, doute de lui, est imparfait à ses yeux.
Ce que l'on prend pour de l'arrogance n'est autre que les séquelles de son enfance massacrée.
J ai également beaucoup aimé sa théorie sur ses échecs ; enfant maltraité à outrance (Je n'y reviendrai pas, lisez Orléans), il'a une toute petite image de soi, il est timide à outrance, il est maladroit, parfois insupportable, certes, mais si malheureux finalement. Son regard est triste, ce qui fait fuir les dames et la copulation. C'est bien connu, les enfants maltraités sont tristes à l'âge adulte. Et on les fuit.
La double peine.
Il a été mis au banc des accusés pour avoir été franc.
Et c'est tout à son honneur.
Il publiera son premier livre et l'apportera chez Grasset.
La suite, on la connaît.
Ah, j'allais oublier l'essentiel ; j'ai ri à gorge déployée, lors de ma lecture, car oui, Moix est drôle.
C'est cela que j'affectionne particulièrement ; la schizophrénie de Moix ; on rit, et l'on pourrait pleurer. Un roman complet finalement.
J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce dernier opus, en espérant que son auteur soit mieux compris, et que l'on lui pardonne ses éclats télévisés.
Et oui, j'aime Yann Moix.
Mais cela, vous l'aurez compris.



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