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Critique de BazaR


J'ai lu la pièce en cours de français au lycée. Je l'ai vue mise en scène et interprétée par Philippe Torreton au théâtre Marigny en 2007. Eh bien j'ai l'impression de la redécouvrir complètement.
C'est à coup sûr l'effet de l'analyse de la préface qui m'a mâché le travail et orienté la réflexion (je lis la pièce dans le tome 2 des Oeuvres complètes chez GF), mince alors !

Bon je ne suis pas un robot non plus. Simplement j'ai trouvé que l'analyse collait bien, au moins sur certains points.
D'abord il est toujours intéressant de découvrir l'histoire de la pièce elle-même, ses origines (espagnoles), sa réception (pas terrible) et encore une fois – Molière y était abonné décidément – les débats et scandales qu'elle a générés. J'ai été ébahi d'apprendre que le texte original de l'auteur a été enterré peu après sa mort au profit d'une version édulcorée. Il a fallu attendre 1847 pour que la Comédie Française se décide à reprendre l'original.
Ensuite j'ai bien noté cette fois à quel point les actes sont séparés les unes des autres dans le temps et l'espace (certains fondamentalistes de la règle du lieu et du temps ont dû s'étrangler, lol). Cela m'a donné une impression de lire des épisodes, séparés par des ellipses, qui améliorent l'esquisse de la personnalité de Dom Juan.

Et quelle personnalité ! Dom Juan génère des sentiments contrastés. J'envie sa liberté ; j'applaudis son athéisme et son humanisme. Il ne fuit pas le danger et lui fait face au contraire, que ce soit le duel avec Dom Carlos ou le déjeuner avec la statue du Commandeur. Mais son humanisme et sa liberté sont avant tout égoïstes. Il écrase la liberté des autres pour que la sienne prenne son envol, ce n'est pas grave. Sa façon de traiter ses conquêtes féminines et fait foi, tout comme ceux à qui il doit de l'argent.
Bref il m'évoque les sentiments ambigus qu'on peut ressentir devant des Bonnie and Clyde, ou un Mesrine.
Le changement de comportement de Dom Juan au dernier acte, beaucoup plus hypocrite, détonne. Comme si la première rencontre avec la statue l'avait tout de même secoué et qu'il cherchait à s'épargner, à faire amende honorable du moins en apparence. Cela ne le sauvera pas. Justice divine sur un être humain qui se moquait des Dieux ; cela fait très « mythologie grecque ».

J'ai aussi trouvé que, hormis le dernier acte, le ton était tout de même largement à la farce. Car c'est souvent le valet Sganarelle qui décrit son maître, qui n'a pas de mots assez durs contre lui en aparté et qui, dès que Dom Juan paraît, retourne son discours vers un panégyrique. Il y a aussi les tirades contre les médecins, l'une des proies favorites de Molière. C'est fin et c'est drôle. le ton que j'aime chez l'auteur.

Comme quoi lire une pièce à tête reposée a du bon. On y redécouvre toujours quelque chose.
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