En 1664,
Louis XIV décide d'offrir une fête à tout casser, qui gardera le nom des « Plaisirs de l'Île enchantée ». le thème général est emprunté au
Roland Furieux de l'
Arioste. Une semaine de spectacles de dingues !
Louis XIV commande à
Molière une comédie galante, avec musique et danse.
Molière pond
La Princesse d'Élide. Vous en aviez déjà entendu parler ? Moi pas.
La préface insiste bien sur l'aspect négligeable de l'oeuvre dans le corpus de l'auteur. Évidemment, j'aborde ensuite le texte en marchant sur des oeufs. Mais comme je m'attends au pire, je ne le trouve pas. Ce que je lis est tout à fait agréable et de bon aloi. Certes ce n'est pas du niveau des best-sellers, mais c'est sympa.
La pièce est courte bien qu'elle contienne cinq actes plus les intermèdes chantés-dansés. L'action est en Grèce antique (quel rapport avec le
Roland Furieux ? sais pas).
La princesse d'Élide est courtisée par tous les princes de la Grèce mais elle se la joue méprisante. Aucun intérêt pour ces guignols qui lui offriraient le monde. le prince d'Ithaque, absolument dingue de la dame, tente une stratégie nouvelle : il va montrer à la dame une indifférence équivalente, un dédain aussi fort. Il est aidé par le bouffon de la princesse, Moron. Évidemment la stratégie fonctionne et la princesse n'a de cesse d'en faire ravaler à ce fat, sans reconnaître dans ce comportement les symptômes de l'amour.
C'est léger et drôle, même si cela peut agacer les lectrices car la princesse n'est clairement pas à son avantage ici. C'est surtout relevé par le bouffon Moron – joué en son temps par
Molière lui-même – qui aurait fait un bon disciple de Scapin. Seuls les intermèdes m'ont semblé de peu d'intérêt, mais ils faisaient probablement sens si la musique et la danse prenait alors le pas.
Un élément original :
Molière était pressé par le temps et par
Le Roy, si bien qu'il a dû écrire la deuxième partie de la pièce en prose alors qu'il l'avait commencé en alexandrins. Ce changement en cours de lecture est inédit et plutôt avantageux pour la comédie. En tout cas c'est ainsi qu'un gars du 21ème siècle (moi) le ressent.