Véronèse est le maître de la couleur claire et de la lumière. C'est du maniérisme de Courèges, de Giulio Romano ou du Parmesan que son coloris tient ses accents pastels, parfois acidulés, mais il faut attendre son installation à Venise et sa plus grande familiarité avec les peintres de la lagune pour que sa palette explose véritablement. (Extrait de la page 39)
A la représentation intense et dramatique des sentiments propre à Tintoret, peintre des scuoles et de la société qu'elles représentent, Véronèse privilégie une approche mesurée, équilibrée par les effets de couleur et de lumière - éblouissants, incandescents et, plus tard, d'une émouvante simplicité
La splendeur cède la place à une tonalité plus dramatique, expression picturale du nouveau climat spirituel et culturel qui règne désormais à Venise
Véronèse se tourne vers une peinture plus intime, tant par le format des œuvres que par leur thématique.
La mise en scène théâtrale caractérise désormais le style de Véronèse.
Loin de la peinture atmosphérique de Giorgione ou de Titien, et des violents contrastes de Tintoret, son art juxtapose de manière inattendue les couleurs complémentaires, superpose les éléments sombres aux surfaces chatoyantes, joue des ombres colorées quand les maitres vénitiens ajoutent du noir à la couleur.
Ce tableau au chromatisme harmonieux, illustre le grand talent de Véronèse comme portraitiste capable d'associer un traitement précis et raffiné des costumes, des traits du visage, des mains et l'expression d'une présence vivante.