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Critique de PascalMalosse


Une belle surprise que ce premier recueil de nouvelles de Lucas Mommer, jeune professeur de français et de latin liégeois. le style vous happe dès les premières phrases par sa générosité, son amour des mots rares, ne craignant jamais le subjonctif de l'imparfait. Une maîtrise peu commune, qui se charge d'images saisissantes, mais jamais au prix de la fluidité et de la narration aux chutes réussies. D'ailleurs, de quoi diable parlent ces six généreuses nouvelles ?
"Le château des embruns" est un petit chef-d'oeuvre de la "Weird Fiction" (faute d'équivalent en français), se plaçant justement sous le patronage de Clark Ashton Smith, misant sur le cumul de visions macabres et sous-marines, jusqu'à un final extatique.
"L'Hamadryade" explore l'amour entre un homme et la nature, dosant un érotisme à la fois végétal et inquiétant, sur les pas d'Algernon Blackwood.
"Un art étrange" ou comment sublimer la torture, d'une manière que n'aurait pas reniée Mirbeau.
"Assiégés" décrit la transformation d'une forteresse attaquée par une peuplade barbare en immense tombeau de spectres.
"In fato venenum" reprend le thème classique de l'âme emprisonnée dans un tableau, au profit d'une scène d'une violence inouïe mêlée à un érotisme repoussant.
Dans la nouvelle titre, "Du thé pour les vautours", quatre personnages s'enfoncent dans des montagnes arides à la recherche d'un trésor maudit.
Répétons-le, la plume est mordante d'ironie, acérée. Dans un même mouvement, elle charme et horrifie, elle choque et apaise. Un extrait sera sans doute plus parlant :
"Hagard, je déambulai alors à travers de vastes salles où le mobilier moisi était perclus de mollusques malsains et de coquillages tordus, j'arpentai des couloirs mornes et froids où un souffle iodé portait l'écho d'un lointain ressac, enfin, à mesure que je progressais dans ces lieux d'une extrême insanité, je finis par errer au milieu d'un grouillement d'une multitude de vies minuscules : il y avait là des choses à pattes, à ventouses, à antennes, à pinces, engoncées dans une chitine multicolore ou, au contraire, baignant dans leurs propres sécrétions gluantes."
Quant au genre, s'il s'agit bien de nouvelles fantastiques, on peut aussi les rattacher au "Weird", tel que mentionné plus haut, car elles se déroulent dans des royaumes imaginaires, proches de la dark fantasy et des mondes howardiens, et car elles jouent souvent sur une accumulation d'images morbides. Les atmosphères hanteront longtemps le lecteur une fois la dernière page refermée. Et on attend de pied ferme les prochaines publications de l'auteur.
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