On peut porter deux regards sur les passages. Il y a la façon de voir de ceux qui passent et la façon de voir de ceux qui y résident ou y travaillent. La différence peut être grande. Deux écrivains l'exaltent à son paroxysme : Aragon et Céline.
La vie sociale et culturelle est indissociable de la vie des passages couverts de Paris.
Chacun des passages était, à lui seul, une ville dans la ville. Sous son ciel de verre, il renfermait toutes les composantes de la comédie urbaine.
L'éclairage au gaz fut utilisé pour la première fois à Paris dans les passages couverts, et ne fut pas l'une des moindres causes de leur succès.
Le modèle naquit en 1786, dans les jardins du Palais-Royal, alors propriété du cousin du roi Louis XVI, le duc d'Orléans. Ce prince avait grand besoin d'argent pour satisfaire son train de vie. A des fins spéculatives, il décida de bâtir le pourtour de son jardin. Il chargea l'architecte Louis de construire sur les quatre côtés de sa propriété des immeubles avec arcades et boutiques à rez-de-chaussée, pour offrir aux Parisiens une promenade abritée.
La fonte et le fer ont radicalement modifié l'architecture en révolutionnant les conceptions de construction.
Le passage est né du capitalisme et de la spéculation. Tous les passages procèdent de la même idée de profit. Qu'ils fussent bourgeois ou aristocrates, sociétés anonymes ou représentants du pouvoir public, leurs promoteurs étaient motivés par les gains potentiels qu'ils représentaient.