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Citations sur Anges et esprits médiateurs (10)

Le jour de la mort de Henry Corbin, Mircea Eliade notait dans son Journal, à la date du 7octobre 1978: "Henry Corbin n'a pas souffert. Il est mort avec sérénité tant il était sûr que son ange gardien l'attendait".
Certes, il convient de s'entendre sur la nature de cet "ange gardien", qui est, pour Corbin, "l'ange de l'âme incarnée", et dans cette circonstance de sa mort, très précisément "la figure céleste qui vient en face à face avec l'âme à l'aurore de son éternité". Ailleurs, il parlera aussi des Fravartis, comme des "anges gardiens". C'est toutefois, ajoute-t-il, "à condition de concevoir l'ange gardien comme le pôle céleste, le Moi céleste d'un être dont la totalité est bipolaire, constitue une bi-unité, à savoir celle d'une forme terrestre et d'une forme céleste qui en est la contrepartie supérieure".
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Le besoin bien compréhensible d’un monde peuplé d’êtres de lumière, attentifs à l’homme, est comme l’envers positif de la noirceur des âmes, de la morosité ambiante, d’un monde contemporain dont on craint confusément la fin désastreuse. Mais l’aspiration à la vie céleste, à la protection spirituelle, à la connaissance véritable, ne suffit évidemment pas à restaurer une perspective traditionnelle, encore moins une angélologie.
Le moment est donc venu de reprendre l’examen de la figure angélique, en la replaçant dans la structure religieuse dont elle dépend, en révélant ses richesses spirituelles et ses enjeux intellectuels. N’est-il pas urgent de changer de vision du monde, de rendre à la Réalité toute son épaisseur, sa complexité et son mystère, en renouant les liens rompus entre l’homme et le divin ? Philosophe, orientaliste, spécialiste des théosophies de l’islam iranien, Henry Corbin (1903-1978), à qui ce volume est dédié à l’occasion du centenaire de sa naissance, a montré la voie de manière magistrale. Il n’a cessé de le proclamer avec force : il ne peut y avoir de vrai monothéisme sans angélologie, sans proclamation de la transcendance divine par des messagers célestes, sans manifestation de Dieu en multiples théophanies angéliques. A l’inverse, sur le plan anthropologique, il ne peut y avoir de vraie connaissance spirituelle sans ascension de l’âme et rencontre avec son ange.
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On connaît les pages admirables qu’il a consacrées à la figure de Daênâ, « l’Ange tutélaire », et à sa rencontre post-mortem avec l’âme humaine :
« A l’interrogation de l’âme émerveillée, demandant « qui donc es-tu ? » à la jeune fille qui s’avance à l’entrée du Pont Chinvat et dont la beauté resplendit plus que toute autre beauté jamais entrevue au monde terrestre, elle répond : « Je suis ta propre Daênâ », - ce qui veut dire : je suis en personne la foi que tu as professée et celle qui te l’inspira, celle pour qui tu as répondu et celle qui te guidait, celle qui te réconfortait et celle qui maintenant te juge, car je suis en personne l’Image proposée à toi-même dès la naissance de ton être et l’Image voulue enfin par toi-même (« j’étais belle, tu m’as faite encore plus belle ») .
Ces lignes décrivent, en quelque sorte par anticipation, l’ultime vision de Henry Corbin, au moment où il a quitté la manifestation terrestre.
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Quant à la Femme, pour Henry Corbin, elle a sans aucun doute à voir avec le monde de l'Ange, tout autant qu'avec ce que Julius Evola appelle les "Mystères de la Femme".
Elle a d'abord à voir avec Stella Corbin, sa femme, depuis 1933: "Stella consorti dicatum", telle est l'exergue choisie par Henry Corbin pour son édition d'En Islam iranien. A quoi fera écho cet aveu, en 1978: "Je fus naguère l'éditeur et le traducteur de Rûzbehân Baqlî de Shîrâz, l'incomparable chantre mystique, en persan, de la haute voie de l'amour humain. C'est sur cette haute voie que je puis affirmer que, sans la présence et la coopération de la compagne qui me préserva de la solitude et des découragements, rien de l'oeuvre que j'ai écrite ici n'aurait été possible."
La femme de la Foi de Henry Corbin appartient, ensuite, à l'Eternellement-Féminin, d'après Goethe, dans le second Faust, qui est "antérieur même à la femme terrestre, parce qu'antérieur à la différenciation du masculin et du féminin dans le monde terrestre, de même que la Terre supracéleste domine toutes les Terres, célestes et terrestres, et leur préexiste".
Elle a à voir, enfin, avec la Beauté et par conséquent avec le secret de la Fidélité amoureuse, qui est le secret même de Henry Corbin: "Tout le secret du fidèle d'amour, dira-t-il, sera là: il ne lui faut ni se détourner de la beauté humaine, ni se détourner vers elle".
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Cependant, les traditions monothéistes n’ont pas l’apanage des êtres médiateurs. D’un point de vue historique, si l’ange est bien une figure sémitique dans son origine et son développement, il n’est pas douteux qu’il a subi l’influence de traditions indo-européennes, perse et hellénistique notamment. Sur le plan métaphysique, on peut aller plus loin : si l’Absolu se manifeste en de multiples figures médiatrices, celles-ci sont nécessairement partout présentes, sous des formes et des noms divers, quelle que soit la galaxie spirituelle dans laquelle on se situe et qui définit leur nature, leur personnalité et leurs fonctions. Il est donc légitime d’aborder les traditions orientales et d’intégrer à ce volume l’étude des divinités du bouddhisme, dans une perspective comparatiste tout à fait stimulante.
Contre les fondamentalismes étriqués et le néo-spiritualisme ambiant, il importe de faire œuvre utile en s’abreuvant aux sources des grandes traditions et de dégager les voies d’un véritable œcuménisme spirituel, en montrant l’importance des êtres médiateurs et leur fécondité symbolique, en restaurant le lien indissoluble entre tradition et révélation, entre degrés de connaissance, niveaux de réalité et théophanies.
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Forme éminente de manifestation de Dieu dans le judaïsme et l’islam, l’ange est subordonné au Verbe incarné dans le christianisme. Annonciateur des mystères de la Révélation, il relaie la parole du Christ et se met à son service. Prototype de vie spirituelle, canal de la louange et de la glorification, l’être céleste qui se nourrit de Dieu est le modèle que les hommes épris de vie contemplative doivent imiter. Initiateur, guide, interprète des visions spirituelles, il est le gardien et serviteur de l’âme, qu’il soutient dans son combat quotidien contre l’Adversaire et qui sait s’effacer, sa mission accomplie, devant la Présence divine.
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De son côté, Marie-Madeleine Davy apportera en 1989, dans son autobiographie spirituelle, ce témoignage décisif: "Henry Corbin, était un homme "ressuscité" avant d'aborder l'autre rive. Il portait sur son visage et dans ses yeux le scintillement de son appartenance. Dans ses ouvrages et dans ses conférences, il a su faire passer le monde des anges. On perçoit, en le lisant, le bruissement de leurs ailes".
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Daênâ est donc l’Ange de la Foi de Henry Corbin, et en tant qu’elle est aussi « l’Idée céleste » de tout être humain, elle apparaît comme le secret de Henry Corbin, comme il le dira lui-même, à propos d’Ibn ‘Arabî : « Ce qu’un être humain rejoint dans l’expérience mystique, c’est le « pôle céleste » de son être, c’est-à-dire sa personne telle qu’en elle et par elle, l’Etre Divin dès l’origine des origines, au monde de Mystère, s’est manifesté à soi-même, et s’est fait connaître d’elle sous cette Forme qui est également la forme sous laquelle lui-même se connaissait en elle. C’est l’Idée ou plutôt l’«Ange » de sa personne dont le moi présent n’est que le pôle terrestre » .
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La Foi de Henry Corbin est la foi d'un gnostique, pour qui la gnose est "une connaissance salvafique par soi_même". Cette Foi est "Terre-Ange-Femme", comme il l'écrira le 24 avril 1932, au bord du lac de Dalécarlie:
"Tout cela est une seule chose que j'adore et qui est dans cette forêt. Le crépuscule sur le lac, mon Annonciation. La montagne: une ligne. Ecoute! Il va se passer quelque chose, oui. L'attente est immense".
La Terre dont il est question, la terre de la Foi de Henry Corbin, est la Terre céleste, le "monde intermédiaire" entre le Ciel et le monde terrestre.
Elle est le monde de l'Ange.
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Il faut également souligner un point essentiel : l’angélologie concerne les trois grandes religions monothéistes ; elle est le terrain privilégié d’un travail intellectuel au service d’un véritable œcuménisme spirituel. En effet, pour le judaïsme, le christianisme et l’islam, les anges forment la première création, soubassement intelligible du monde psychique et sensible ; ce monde angélique fournit l’image d’un univers ordonné et hiérarchisé, composé de multiples degrés de réalité, auxquels correspondent des états de connaissance. Car chaque ange est un miroir de la Divinité, défini par ce qu’il reçoit de la lumière divine et ce qu’il en transmet. Ce monde plein d’intelligences est intimement lié au cosmos et par conséquent à l’humanité qui lui est confiée.
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