Citations sur Les enfants de Mathias (8)
À trente et un ans ou presque, Maryvonne Ménard n’avait jamais été approchée de la sorte par un homme, encore moins embrassée. Fixant le trottoir et les marches de sa maison, elle se demandait si elle allait pouvoir les monter sans trébucher après ce qui venait de se passer.
Ma mère ne dormira pas tant que je ne serai pas rentrée. Je la connais, tu sais… Non pas qu’elle s’inquiète pour moi, mais elle a peur quand elle est seule dans la maison. Au moindre bruit, elle sursaute. Elle craint les voleurs et elle a peur des rats qui se promènent dans la cave. On a pourtant un chat!
Elle était vaillante, elle avait de bons bras, elle cuisinait, elle cousait, elle sortait peu, ce qui en ferait une bonne mère pour ses enfants. Et sur le plan plus personnel, quoique massive, elle avait une poitrine dont aucun homme ne se plaindrait.
Ensemble, on allait aux vues parfois, mais pas souvent. Le dernier film qu’on a vu, c’était Tir-au-flanc avec Michel Simon. Des films français tout le temps, ma femme ne lisait pas l’anglais au bas de l’écran, pis moi, pas l’diable plus!
Comme passe-temps, j’écoute la radio. J’aime les programmes qui se suivent, les romans-fleuves si vous comprenez ce que je veux dire. Et j’écoute la chansonnette française avec ma mère, qui aime bien Maurice Chevalier et Jean Sablon, ses chanteurs préférés. À part ça, pas grand-chose, je suis assez tranquille.
Certaines femmes aux mœurs douteuses auraient bien aimé le consoler, mais de là à le marier, non! Comme Mathias n’était pas du genre à ne penser qu’à la bagatelle, il était à la recherche d’une épouse, pas d’une concubine et encore moins d’une fille de petite vertu. Il se disait que, si Dieu et Toinette le voulaient, il trouverait. Il s’en remettait à sa chère disparue, qui lui ferait sûrement signe le moment venu.
Une embolie, c’est un caillot qui circule dans le sang et qui bloque la ramification artérielle irriguant le poumon. C’est souvent une complication d’une phlébite. Une anomalie respiratoire, de la basse pression…
Ils étaient si amoureux l’un de l’autre, si heureux ensemble, si solidaires… Mais, hélas, la vie, le temps, les ans allaient percer, tel un aigle malfaisant, ce nid douillet dans lequel s’agitaient trois garçonnets.