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Critique de Tempsdelecture


J'ai dès le début été très tentée par le synopsis de ce titre d'inspiration autobiographique sur la filiation, la transmission des travers familiaux comme unique héritage de l'auteur Mexicain Emiliano Monge. C'est un récit un peu particulier ou les voix de trois générations s'expriment et s'entremêlent, celles des hommes de la famille Monge. L'auteur Emiliano Monge est celui qui a commencé cette entreprise de mémoire, pour tenter de comprendre ce qui a poussé chacun des Monge à prendre la tangente de leur vie. Commençons par présenter chacun des protagonistes en jeu qui se composent essentiellement de la lignée paternelle des Monge, irlandais par l'aïeul boucher, : Carlos Monge McKey, Carlos Monge Sánchez et Emiliano.

Emiliano raconte à son fils l'histoire de cette famille marquée par les disparitions intempestives, inexpliquées de ses hommes et par leur retour au foyer tout aussi étonnant quelques années après. C'est l'histoire de la famille Monge qu'il narre à son fils, dont nous ne lirons jamais les réponses, c'est un dialogue un peu décousu ou nous n'entendons qu'Emiliano. L'histoire, sa narration sera tout sauf linéaire, il faut s'y faire. L'auteur ne cessera d'aller et venir dans le passé, de slalomer d'une génération à l'autre, sachant que cet l'interlocuteur muet d'Emiliano y-compris, il y en a réellement quatre qui comptent. Il va de soi que ramener à la vie les mystérieuses expériences de ses aïeux correspond pour le narrateur à une tentative de se comprendre lui-même à travers l'analyse des réactions des défunts.

Comment trouver une meilleure façon de comprendre à quelqu'un que de lire son journal intime d'autant plus quand le décès de la personne est acté depuis si longtemps que la confidentialité inhérente au journal est prescrite. Nous alternons le récit des vies des hommes Monge avec des passages du journal intime du grand-père. Commençons par ce qui a été plaisant dans ma lecture. Ca a été très instructif de découvrir ce Mexique, pas sous son jour le plus glorieux certes, quand bien même la famille que nous avons sous les yeux est légèrement dysfonctionnelle, et que les noms de villages et des régions m'évoquent autant de choses que L'Odyssée en grec ancien.

En revanche, et c'est pour cela que ma lecture de ce titre a duré un peu plus longtemps qu'il n'aurait fallu, l'auteur ne facilite vraiment pas la tâche de son lecteur ! Outre le fait que le grand-père et le père portent le même prénom et pratiquement le même nom de famille, ce qui ne facilite pas la compréhension des choses, le récit est extrêmement décousu et dur à suivre. J'explique : le fait de ne pas avoir les réponses du dialogue entre Emiliano et son fils ne serait en soi pas dérangeant si la lecture n'était pas rendue encore plus complexe par d'autres procédés narratifs sibyllins, comme l'imbrication dans un même discours d'un récit sur le passé de l'un ou l'autre des protagonistes et du dialogue avec l'interlocuteur présent, sans absolument aucune ponctuation pour aiguiller le lecteur.

Et enfin que les trois hommes aient ressenti le même sentiment de déconnection et traversé la même remise en cause existentielle ne finit pas non plus d'arranger nos affaires, la confusion est là. Dernier regret également, la quinzaine de « fils de pute » (et j'exagère à peine) que l'on retrouve à chaque page finit par lasser, la grossièreté si elle ne me choque pas, prend à la longue toute la place et a finit par m'agacer car je trouve qu'elle gâche un peu le fond du récit loin d'être désintéressant. C'est d'ailleurs cette question-là qui a fait que je me suis accroché à ce roman : savoir ce qui peut pousser trois hommes de la même famille à deserter cette famille pendant quelques mois ou années. Comme si une malediction avait frappé tous les hommes de la famille, les condamnant à ne pas trouver le bonheur dans leur mariage et plus globalement dans la vie qu'ils se sont construit.

Décidément la littérature sud-américaine peut parfois être de façon surprenante assez obscure, je pense entre autres à Elmer Mendoza et son titre L'épreuve de l'acide ou les dialogues ne sont pas syntaxiquement démarqués comme il est d'usage. Ici, je confesse m'être découragée à plusieurs reprises, spécialement dans la première partie de l'ouvrage, ou j'ai perdu plusieurs fois le fil de la narration. Ces messieurs Monge sont décidément de drôles d'oiseaux, que l'on ne parvient à totalement blâmer pour leur disparition, pris eux-mêmes dans un mouvement qui les dépasse.




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