Il n’y avait pas de tout-à-l’égout, me dit Jorge [Jorge Mario Jáuregui, l’architecte argentin qui a construit le téléphérique à Rio de Janeiro]. Ni d’eau potable, bien sûr. L’électricité, il fallait la détourner en implantant des dérivations clandestines sur les transformateurs. On appelait ça des papagayos, des perroquets. Quant aux titres de propriétés, personne n’en possédait. Les résidents ne payaient pas d’impôts à l’État ou à la municipalité. Mais, en contre partie, ils n’avaient droit à rien : ni école, ni dispensaire, ni poste de police. En plus, les bandes taxaient tout ce qui leur tombait sous la main. Même le droit d’aller se servir à la fontaine, un kilomètre plus bas. Sans compter qu’on pouvait être expulsé par quiconque se prétendait propriétaire du taudis où l’on vivait.