La seule subjectivité, c'est le temps, le temps non-chronologique saisi dans sa fondation, et c'est nous qui sommes intérieurs au temps, et pas l'inverse.
Jamais l'aliénation ne consiste pour Deleuze à ce que le sujet soit dépossédé de lui-même, mais à ce qu'il soit dépossédé du monde. Le sujet aliéné est un sujet sans monde, privé de monde. C'est un sujet qui n'est pas relié au tout, forcé de penser le tout, qui retombe dans le marais de ses affects, dans sa subjectivité, son monde intérieur.
L'image cinématographique doit avoir un effet de choc sur la pensée, et forcer la pensée à se penser elle-même comme à penser le tout. C'est la définition même du sublime.
Si le cinéma est un art, c'est en tant qu'il nous fait voir la réalité profonde du temps, qu'il nous place dans un temps qui n'est plus notre temps psychologique mais le temps comme cinquième dimension de l'univers, dimension spirituelle et ontologique.
Le personnage est devenu une sorte de spectateur dans le film.
Le monde moderne est celui où l'information remplace la Nature.
Nous redonner croyance au monde, tel est le pouvoir du cinéma moderne (quand il cesse d'être mauvais). Chrétiens ou athées, dans notre universelle schizophrénie, nous avons besoin des raisons de croire en ce monde.
L'absentement du monde et la situation d'incroyance de la pensée sont les signes du nihilisme contemporain.
Le fait moderne, c'est que nous ne croyons plus au monde. Nous ne croyons même pas aux événements qui nous arrivent, l'amour, la mort comme s'ils ne nous concernaient qu'à moitié. Ce n'est pas nous qui faisons du cinéma, c'est le monde qui apparaît comme un mauvais film.
La pensée-action pose à la fois l'unité de la Nature et de l'homme, de l'individu et de la masse : le cinéma n'a pas pour sujet l'individu, ni pour objet une intrigue ou une histoire ; il a pour objet la Nature, et pour sujet les masses.