AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,02

sur 60 notes
5
4 avis
4
3 avis
3
3 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Très bien documenté, ce livre raconte la naissance, l'enfance, l'adolescence et la vie de jeune adulte de Staline jusqu'en 1917. Staline a vécu dans un univers ultra-violent entre un père alcoolique et une mère dévote violents tous les deux, un environnement de bagarres et de perversion notamment au séminaire. Puis l'on découvre son ascension, ses voyages, braquages, son premier mariage, son fils dont il ne s'est pas occupé. Des informations et photos inédites du dictateur au temps de sa jeunesse font de ce livre un récit passionnant mais glaçant.
Commenter  J’apprécie          121
Montefiore reprend dans le détail la jeunesse de Staline, avec sous-jacente la question : qu'est ce qui dans une jeunesse conduit à former un dictateur ?
On voit un Staline qui part de rien ou presque, mais dont la volonté et l'obstination le conduisent à devenir un très bon élève au séminaire, avant qu'il n'adhère complètement aux théories communistes du moment. L'ex séminariste devient alors bandit de droit commun. Son action et l'attitude de la police politique tsariste à son égard laisse planer une ambiguïté sur le double ou triple jeu qu'il aurait pu mener à cette époque.
Dans l'ère pré-révolutionnaire, il navigue, louvoie, et avec les évenements de 1917 il devient indispensable à Lénine, qui ne s'apercevra que trop tard qu'il a placé à la tête du parti un individu sans scrupules, sans limites, manoeuvrier et autoritaire.
La biographie de Montefiore est complète et révèle un personnage plus complexe que son imagerie le laisserait penser. Individualiste, cavaleur, recréant volontiers a posteriori son histoire, le chef sanguinaire était aussi quelqu'un qui avait soif d'apprendre et qui était doté d'un vrai instinct politique.
Commenter  J’apprécie          100
Ce livre ne devrait pas s'appeler le Jeune Staline mais plutôt Les multiples vies de Staline tant il a vécu une vie tumultueuse. Chaque chapitre semble parodier les aventures de Conan le Barbare : c'est Staline le voleur, Staline le pirate, Staline l'exilé... Fils putatif d'un cordonnier alcoolique, Staline est très vite élevé par une mère tellement aimante qu'elle le dresse à coup de poings, pas méchamment, hein, c'est comme ça qu'on faisait dans le temps. Je dis fils putatif car tout au long de sa jeunesse Staline va avoir des parrains très généreux, ce qui permet de douter de la paternité du gamin. Gamin violent, il est très tôt le chef de bande des petits merdeux du coin. Élève brillant, on le destine au séminaire. Mais l'usine à popes est tout sauf un lieu d'élévation. Agressions sexuelles, violence, jeu et autres vices sont le quotidien des élèves. Staline y apprend ce qu'est la surveillance, la punition et la terreur. Et paradoxalement, c'est au séminaire qu'il va lire en cachette Hugo, Zola et Marx et devenir un révolutionnaire. Il développe un athéisme de circonstance.

Une fois ses études laissées sur le bas-côté, vient la vie criminelle. Car la révolution, ce n'est pas un emploi de bureau. Il y a d'abord le jeu trouble avec la police tsariste, car on ne sait jamais qui manipule qui. Staline change souvent d'identité et de résidence, mais conserve un goût immodéré pour l'action et la manipulation. Lénine a besoin d'argent ? Staline va le financer, flingue à la ceinture. Attaque de banque, de train, de diligence... Ce n'est pas le Caucase, c'est un vrai far west géorgien. Les bombes pleuvent, on dirait un épisode des Mystères de l'ouest. Et Staline manque plusieurs fois de trouver la mort dans des attaques hasardeuses ou des plans foireux. Mais non, il s'entête et fait assassiner gendarmes et traitres. Souvent, la police tsariste le traque, et parfois, elle finit par lui mettre la main au collet. C'est alors la prison, d'où il s'évade dans la grande tradition vidocquienne. Même exilé en Sibérie, il revient de tout et s'en sort in extremis.

Puis vient la vraie montée en puissance politique. Les magouilles. le passage par Londres et Munich. Les jeux de pouvoir entre mencheviks et bolcheviks. C'est là aussi un tourbillon enivrant, avec des trahisons, des complots, des changements d'identité... Un vrai roman. La révolution d'octobre ? Staline la rate presque tellement les évènements sont chaotiques. Mais quand il faut écarter un adversaire et s'imposer, vous pouvez compter sur lui. Toujours.

Au final, cette biographie est étrange. Il est difficile de voir dans ce criminel endurci le futur dictateur implacable. C'est irréel, on a un vrai héros d'aventure, un criminel façon Mesrine version poète, c'est très difficile de le relier au type qui va tuer des millions de russes. Mais sa vie folle de crapule lui donne la dureté et le tranchant nécessaire. Les amitiés forgées dans le crime vont lui servir de marchepied pour accéder au trône. Les rancoeurs tenaces provoqueront les massacres de demain (ainsi, il se fait casser la gueule par une bande de Tchétchènes lors d'une énième magouille et se vengera bien plus tard en déportant ce peuple). Il se dessine aussi un séducteur avec un beau palmarès mais qui est incapable d'avoir une vie amoureuse. La révolution prend toujours le dessus. C'est également un père ignoble qui reproduit le schéma parental déplorable qu'il a connu. le comble est quand il se met en ménage avec une fillette de 13 ans.

On peut douter de la véracité de tout ça en se disant que c'est de la propagande. Sauf que c'est exactement l'inverse : toutes ces informations ont été mises de côté quand fut construit le culte stalinien. C'est au contraire parce que tout cela n'était pas connu pendant le régime de Staline que ce passé tumultueux devient crédible. Ce sont des témoignages expurgés, des confidences d'ancien frère de crime, des archives retrouvées qui composent cette mosaïque. C'est n'est pas encore le Staline monstrueux, c'est un Staline en devenir. Il suffirait qu'il ne croise pas Lénine ou que la police tsariste fasse correctement son travail pour que la Russie ne connaisse pas son boucher le plus terrible. Il aurait pu également rester un poète, tout comme son homologue allemand aurait pu devenir peintre.
Lien : http://hu-mu.blogspot.com/20..
Commenter  J’apprécie          30


Lecteurs (162) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3189 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}