AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de viou1108_aka_voyagesaufildespages


Coup de coeur et - chez moi c'est souvent lié - coup au coeur. Rien que le titre... On y ressent toute l'incrédulité, le déni, la détresse face à la mort de l'être aimé.
En l'occurrence, le point de départ de ce livre est la réédition du journal de Marie Curie, qu'elle a tenu après la mort de son époux, Pierre Curie. L'éditrice de Rosa Montero lui a demandé d'en écrire la préface, dans un moment où celle-ci ne s'était pas encore remise du décès de son mari après une longue maladie. Rosa Montero, plongée dans cette douleur depuis quatre ans, n'arrive plus à écrire. Mais le journal de Marie Curie, d'effet miroir en coïncidences, va l'entraîner dans un flot d'émotions et d'interrogations sur la mort et le deuil mais aussi l'amour, la vie, la culpabilité, le devoir, la science, les relations hommes-femmes, le pouvoir des mots et de l'imagination. Elle reprend alors la plume et retrace le parcours hors du commun de Marie Curie, une femme brillante et courageuse, souvent bridée par le sexisme de son époque. Elle raconte son amour indéfectible pour Pierre, qui le lui rend bien, et du deuil insurmontable qui la frappe quand celui-ci meurt absurdement, renversé par une carriole. Mais ce livre est bien plus qu'une biographie, parce que Rosa Montero nous parle aussi de sa propre histoire, de la perte terrible qu'elle subit à la mort de Pablo, de ses propres étapes de deuil (qui ne correspondent pas forcément à celles que ses amis ou les bouquins de développement personnel expliquent en théorie), des souvenirs qui ne s'effacent jamais mais qui, avec le temps, font doucement une place à la légèreté, à la joie de vivre, même si "dans ma tête, il est tout entier".
Dans ce parallélisme entre les deuils subis par Rosa Montero et Marie Curie, ce livre vogue donc entre les souvenirs personnels de la première et la biographie d'une scientifique exceptionnelle. Loin de larmoyer sur son sort, l'auteure ne reste pas coincée dans sa douleur, elle avance, désormais bien consciente de la mortalité de l'être humain et de la brièveté de la vie dont, par conséquent, il faut s'efforcer de jouir avant qu'il soit trop tard.
Ce livre génial, bourré de réflexions magnifiques sur la vie, la place des femmes, la douleur, respire l'authenticité : dans son propos, Rosa Montero est désarmante de simplicité, de sincérité, de fougue et de tendresse. Pour elle, l'écriture est vitale : "un satané enfer, parce qu'en perdant l'écriture, j'avais perdu le lien avec la vie". Ou encore : "Pour vivre, nous devons nous raconter. Nous sommes un produit de notre imagination". Quand un écrivain (se) raconte avec une écriture qui vient du coeur, moi c'est là que ça me touche.
Lien : https://voyagesaufildespages..
Commenter  J’apprécie          829



Ont apprécié cette critique (74)voir plus




{* *}