Quatre jeunes gens venus de la même bourgade de l'état du Paranà prennent un appartement en colocation à Rio de Janeiro. le narrateur,
Dante, étudie l'économie, son camarade Miguel est interne en médecine, leur ami Hugo se voit déjà chef d'un restaurant étoilé. Quant à Leitao, il est censé suivre des cours d'informatique, mais reste dans sa chambre à se bâfrer et jouer à des jeux vidéos. Tout va bien jusqu'à l'anniversaire de ce dernier, lorsque ses camarades lui offrent un cadeau qui sort de l'ordinaire. Et lorsque quelques mois plus tard, trois d'entre eux découvrent que le loyer n'a pas été payé depuis un long moment, et qu'ils sont sous une menace d'expulsion. Ce qu'ils vont concevoir pour s'en sortir va les conduire bien plus loin qu'ils ne l'auraient imaginé… et que le lecteur ne l'aurait pensé ! Je ne vous en dis pas plus, mais on ne devine assez vite de quoi il s'agit.
Je n'aime pas trop l'expression, trop employée ici et là, « sortir de sa zone de confort », mais il faut bien admettre que c'est ce qui m'est arrivé avec ce roman, que je n'aurais sans doute pas commencé ou pas terminé, si le mois latino-américain, lié au book-trip brésilien ne m'avaient motivée.
Et finalement, j'ai plutôt aimé ce mélange des genres pour moi inédit, mais plutôt cohérent entre roman social, horreur, roman noir et humour absurde. La barque est très chargée, le trait parfois un peu outrancier, mais l'auteur, très malin, joue des indices semés par-ci, par-là, qui provoquent des attentes chez le lecteur, et le poussent à continuer. le quatuor d'étudiants est plutôt sympathique, quoique leur comportement soit de plus en plus répréhensible. Sinon, parmi les personnages secondaires, se trouvent de vrais affreux.
La manière dont les Brésiliens, en particulier les plus jeunes, sont touchés par la crise économique et obligés de vivre d'expédients, est très bien rendue. La charge contre la manière dont on se bouche les yeux et les oreilles pour ignorer la souffrance animale alors qu'on se délecte de steak tartare ou de blanquette de veau n'est pas mal vue non plus. Si l'auteur s'était cantonné au côté horrifique, même assorti d'une dose d'humour, le tout aurait eu, pour moi, plus de mal à passer. Alors que là, à aucun moment, je n'ai songé à refermer définitivement le livre, et ma foi, la fin du roman apporte au lecteur un twist bienvenu et compense les quelques haut-le-coeur provoqués par la lecture de passages angoissants.
À ne lire qu'en connaissance de cause !
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