Citations sur La saga d'Anne, tome 8 : Anne... Rilla d'Ingleside (5)
Cette soirée de printemps était superbe. La longue vallée verte tournée vers la mer baignait dans le demi-jour, et au-delà s'étendaient les prés du couchant. La baie rayonnait, pourpre ici, azur là, opale ailleurs. Le bosquet d'érables se teintait d'un vert brumeux. Rilla observa la scène avec nostalgie. Qui avait dit que le printemps était la joie de l'année ? C'était plutôt le chagrin de l'année. Et les matins mauve pâle, les jonquilles en étoile et la brise dans le vieux pin étaient les pointes de ce chagrin. La vie serait-elle un jour libérée de la peur ?
Il ne faut pas se moquer des tiraillements de la jeunesse; ils sont terribles, car elle ne sait pas encore que tout finit par passer.
-Pauvre, pauvre Walter -soupira Mme. Reese
-Ne venez pas ici l'appeler pauvre Walter -dit Susan indignée, aparaissant par la porte de la cuisine, pour le grand soulagement de Rilla, qui senait qu'elle ne pouvait plus supporter plus en ce moment-. Walter n'était pas pauvre. Il était plus riche que n'importe qui d'entre vous. C'est vous, qui restez dans vos maisons et ne laissez pas partir vos fils, c'est vous qui êtes pauvres... pauvres et nus et mesquins et petits... pauvres de solennité, et ainsi sont aussi vos fils, avec toutes leurs fermes prospères et leurs animaux gros et leurs âmes de la taille d'une puce... si elles arrivent à cette taille.
C'était un bel après-midi d'été et des nuages d'or flottaient dans le ciel. Dans le grand salon d'Ingleside, Susan Baker s'assit, arborant un sourire de satisfaction.
Demain, le Jour de Flûte va m'emmener «de l'autre côté »