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Critique de Henri-l-oiseleur


Même si le titre de ce drame historique attire l'attention sur l'héroïne, le héros véritable est le vieux roi Ferrante dans ses conflits avec son fils. Tout les oppose, et en particulier, de façon irrémédiable, le Temps : Ferrante aimait son fils quand il n'était qu'un enfant, mais il se prend à le haïr quand il devient adolescent, homme, amoureux, voire sentimental, et inférieur à ses devoirs de futur roi. Par ce biais, Montherlant renouvelle le vieux conflit cornélien entre le coeur et la raison d'état. Il ancre ce conflit abstrait dans les dégoûts du vieux père pour son fils, jeune homme qui veut simplement être heureux et non être roi : on pourra comparer avec Mithridate de Racine rival de ses fils en amour et en politique, ou avec la grande figure, dans Rodogune de Corneille, de la mère atroce jouant ses fils l'un contre l'autre. Grand ressort tragique que les haines entre parents et enfants... Le souci de reconstitution historique fidèle (malgré les grandes libertés que prend l'auteur avec l'histoire du Portugal médiéval), héritage du Romantisme, n'alourdit pas la pièce, car les personnages sont forts, éloquents, bien campés et semblent vivre naturellement au milieu de ce décor. Comme Anouilh, et deux ans avant son Antigone de 1944, l'auteur dresse l'un contre l'autre le devoir d'état et l'exigence individuelle, en les incarnant dans deux personnages, au lieu de la conscience d'un seul comme chez les classiques. Il donne clairement raison à Ferrante, son vieux roi, contre le fils, le sentimental Dom Pedro, à la différence de l'ambigu Anouilh.
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