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Critique de Cancie


Si vous souhaitez prendre un bol d'air et vous évader pour quelques heures de l'Hexagone, n'hésitez pas et plongez-vous dans le dernier roman de Yves Montmartin : Calixte.
Ce récit est une véritable immersion en république d'Haïti et le dépaysement est garanti.
Calixte Fontaine est un jeune Haïtien né en 1960. Il vit avec ses parents Toussaint et Manman Olivette, sa petite soeur Daniya et sa grand-mère Ma'Umtiti, dans la maison que son grand-père Charlemagne a construite lui-même. Comme toutes les kabann de la cité Simone, cet immense bidonville de Port-au-Prince, elle est faite de matériaux de récupération, planches, tôles et bâches en plastique.
La famille tente de survivre, le père est employé au port à décharger les bateaux et Calixte, lui, chaque matin, avant le lever du jour, part à pied avec sa mère laver les légumes au Marché en fer pour espérer gagner quelques gourdes, la gourde étant la monnaie haïtienne.
Ce que Calixte apprécie, ce sont les après-midi, où il peut se rendre à la Kay blé, la Maison bleue, l'école du père Céleste, la seule école primaire de la cité Simone. L'école, porte de la Liberté ?
Calixte est le narrateur. Il nous entraîne dans ses pas, nous sert de guide et nous fait découvrir ce pays aux mille couleurs avec entre autre, cette langue chantante qu'est le créole haïtien, et d'emblée, je me prends d'affection pour ce jeune garçon.
En parsemant son récit de mots, de phrases et même de plusieurs proverbes écrits en créole, sitôt traduit, l'auteur lui donne ainsi, très judicieusement beaucoup d'authenticité et de saveur.
Yves Montmartin décrit avec talent, le courage extraordinaire et la force des habitants de la cité Simone qui tentent comme ils peuvent de subsister dans un lieu, où la misère est à ciel ouvert, où les habitants manquent de tout, où l'accès à l'électricité est très limité, l'approvisionnement en eau potable un problème majeur.
L'auteur mêle avec à-propos le récit romancé du destin de Calixte, sa jeunesse dans les années 70, 80, aux faits historiques et à cette dictature impitoyable de la dynastie Duvalier, responsable de nombreuses tueries, de massacres d'opposants et de civils et aux tristement célèbres tontons Macoutes, cette milice paramilitaire.
Il profite des chapitres intitulés Notes, disposés presque après chaque chapitre du récit, pour donner des explications très intéressantes.
Ce sont des renseignements sur les jeux, comme les combats de coq, qui structurent la vie de pas mal de gens en Haïti, sur les religions comme le vaudou encore bien présent sur l'île, sur les coutumes culinaires et cette « soup joumou », soupe traditionnelle, symbole de l'indépendance du pays le 1er janvier 1804 et devenue patrimoine culturel immatériel de l'humanité en 2021, mais aussi des renseignements beaucoup plus inquiétants sur Haïti aujourd'hui et sur ce peuple qui continue à souffrir et où la situation sécuritaire demeure extrêmement instable, et ce dans l'indifférence quasi générale.
Avec Calixte, premier tome d'Hispaniola de Yves Montmartin, j'ai suivi avec plaisir et tristesse le destin de ce garçon épris de connaissance et rempli de volonté et la confiance absolue aux conseils apportés dans ses rêves, par son grand-père décédé, m'a beaucoup touchée.
Grâce à ce roman qui s'apparente presque davantage à un documentaire, j'ai beaucoup appris sur la vie en Haïti et il m'a été d'une aide précieuse pour comprendre ce qui se passe actuellement sur l'île.
Je remercie Yves Montmartin pour sa confiance et attend avec impatience le deuxième tome, qui devrait m'apporter des nouvelles de Victoire.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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