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Critique de Fandol


En quatre saisons, du printemps à l'hiver, j'ai plongé dans la vie d'Amira, une jeune Algérienne, pour une histoire inspirée de faits réels, romancée avec talent par Yves Montmartin. Artisan-écrivain, comme il le revendique, il a déjà publié quatre romans, plus quatorze albums pour les enfants.
Avec La mauvaise herbe, il m'a emmené dans une famille modeste d'Alger où la petite Amira adore aider Salim, son père, à arracher les mauvaises herbes du jardin aménagé à l'arrière de leur petite maison. Cette mauvaise herbe à laquelle se compare Amira, narratrice de la presque totalité du roman, est le thème, le symbole de ces filles, de ces femmes qui revendiquent avec courage leur autonomie, leur indépendance.
Pour bien comprendre cela, l'auteur détaille, explique traditions et coutumes de la société algérienne et j'ai été impressionné par la quantité de découvertes apportées au fil du texte. Yves Montmartin n'a rien négligé, donnant même le sens de plusieurs prénoms arabes que nous connaissons, comme Driss, Walid, Mourad et surtout Amira, bien sûr, qui signifie princesse.
Alors, j'ai suivi les pas de cette fille et découvert avec plaisir la vie quotidienne de son quartier et son fameux supermarché « Caïn-Cabas ». La tante Nour est aussi un personnage important car elle a refusé de respecter la tradition, de se marier pour devenir femme au foyer. C'est pourquoi, elle est désignée du terme méprisant de « Bayra », périmée, à trente-cinq ans. Elle ne porte jamais de foulard contrairement à Hadjila, la mère d'Amira, originaire des montagnes de Kabylie.
Surtout, il y a Loubna, la fille des voisins, qui devient la meilleure amie d'Amira. Elles sont inséparables mais rien n'est éternel dans ce bas-monde, hélas ! Lorsqu'arrive l'été, les « almuhajirin » (les émigrés) reviennent au pays. Tout au long de ce roman bien documenté, l'auteur permet de comprendre les liens et en même temps les différences entre les Algériens restés au pays et ceux qui se sont installés plus au nord de la Méditerranée. Des cas simples, des anecdotes très parlantes permettent de mettre en évidence points communs, différences et ruptures.
Enfin, l'auteur n'oublie pas les révoltes contre la flambée des prix, les manifestations des étudiants réclamant plus de liberté, les attentats aveugles des islamistes qui rappellent les heures les plus sombres de l'histoire du pays.
Malgré tout, il reste le poids énorme des traditions, la référence inévitable à la religion, au Coran et surtout le patriarcat. Les moments de joie et de bonheur ne manquent pas mais les saisons passent et l'automne apporte les premiers drames, même si Amira réussit à réaliser son rêve : devenir professeure de français au Lycée El-Drouassi, le premier lycée de jeunes filles qui fut ouvert à Alger.
Si j'ai moyennement apprécié les échanges numériques et épistolaires avec Sofia, basée au Portugal, j'ai trouvé très réaliste la description de ces quartiers de grands ensembles bâtis dans la banlieue lyonnaise afin de loger un maximum de monde.
Impossible d'en dire plus pour ne pas nuire aux lecteurs à venir mais cet hiver qui arrive n'annonce rien de bon. Je tire un grand coup de chapeau à Yves Montmartin pour sa séquence du train de 7 h 30, quand un narrateur prend subitement le relais d'Amira. C'est une réussite littéraire !
J'ajoute un dernier mot pour remercier l'auteur pour sa si juste dédicace.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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